Quand je serai grand, je veux être… Van Gogh
« Je voudrais être un artiste » pourrait être [...]
Avignon / 2017 - Entretien / Mathieu Pasero
Dans Raoul Lambert enfume la chanson française (2009), Mathieu Pasero s’inventait un double scénique à la fois crooner et magicien. On le retrouve dans un concert de magie mentale sur la manipulation de masse.
Dans votre premier spectacle en tant que Raoul Lambert, celui-ci utilisait la magie mentale afin de faire croire à ses talents de musicien. Est-il entre temps devenu une vraie star ?
Mathieu Pasero : Je ne sais pas si Raoul a vraiment évolué depuis cette première pièce. Ce qui a changé, c’est la manière dont je traite à travers lui le thème de l’idole. Autrement dit, de la manipulation par le son. Dans Titre définitif*(*Titre provisoire), le problème est abordé de manière beaucoup plus frontale que dans Raoul Lambert enfume la chanson française et In Caravane with Raoul, où magie mentale et musique portaient l’ensemble du propos.
Entre concert et conférence sur les effets magiques, vous interrogez les effets nocifs de la chanson française…
M.P. : La pop musique est pleine d’amours perdues et autres histoires déprimantes. Je me suis demandé ce que l’écoute des ritournelles de la chanson populaire pouvait provoquer sur le cerveau et le comportement. C’est un champ de recherche qui se développe, aussi me suis-je nourri du travail de plusieurs neurologues et d’ouvrages variés tels que La haine de la musique de Pascal Quignard ou encore Haute fidélité de Nick Hornby, roman où un vendeur de disques analyse ses échecs sentimentaux à la lumière de la pop musique.
« Je me suis demandé ce que l’écoute de la chanson populaire pouvait provoquer sur le cerveau et le comportement. »
La magie est habituellement associée au divertissement. Quelle est sa part dans votre spectacle ?
M.P. : Si j’entends alerter sur les risques, très grands par les temps qui courent, de la manipulation de masse, j’évite tout didactisme grâce à une profonde dérision et à une recherche de ludique. Le récit intime de Raoul et la musique assument cette fonction.
Pour la première fois, vous partagez la scène avec un autre artiste. Pourquoi ?
M.P. : Après une pièce en caravane, où Raoul entretenait un rapport très intime avec le public, j’ai eu envie de le dédoubler. Cela me permet d’explorer de nouvelles techniques de magie visuelle, mais aussi de développer la partie musicale du spectacle. Musicien et compositeur pour plusieurs compagnies de danse et de théâtre, Kevin Laval porte dans Titre définitif*(*Titre provisoire) un répertoire plus sentimental que le mien, plutôt rock’n’roll. Les paradoxes de Raoul Lambert sont mis à nu.
Propos recueillis par Anaïs Heluin
Relâche les 14 et 19. Tel : 04 90 85 15 14. à 14h30
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