Thomas Ostermeier crée Le Roi Lear

Il confie penser au Roi Lear depuis l’âge de 16 ans. À 54 ans, Thomas Ostermeier donne enfin corps à son projet de jeunesse en créant la pièce de Shakespeare avec la troupe de la Comédie-Française. Dans une traduction signée de l’auteur Olivier Cadiot, il a confié le rôle de Lear à Denis Podalydès, les rôles de ses trois filles à Marina Hands, Jennifer Decker et Claïna Clavaron. Après La Nuit des rois en 2018, c’est donc avec une nouvelle œuvre de celui qui paraît être son auteur fétiche que le grand metteur en scène allemand réinvestit le plateau de la Salle Richelieu (à l’issue de ce travail, Thomas Ostermeier aura monté, au total, sept textes de Shakespeare — on se souvient, notamment, de sa version magistrale de Richard III, présentée en 2015 au Festival d’Avignon). Un espace qu’il agence de la même façon qu’il l’avait fait lors de son précédent spectacle, il y a 4 ans.

La déliquescence du pouvoir

« Un espace matriciel dans lequel, putativement, il pourrait monter tout Shakespeare, fait remarquer l’administrateur général de la Comédie-Française, Eric Ruf, « une lande sur laquelle un vieux roi déshéritant la plus sincère de ses filles nous ferait réfléchir à la déliquescence du pouvoir ». Dix-huitième pièce du dramaturge anglais à entrer au répertoire de la prestigieuse institution (Roméo et Juliette, en 1920, fut la première ; Hamlet, en 1932, la deuxième), Le Roi Lear est une œuvre-monde qui embrasse toutes les dimensions de l’expérience humaine. Réflexion sur la déliquescence du pouvoir, certes, mais aussi sur la vieillesse, sur la mort, sur la folie, sur la transmission, sur la famille, sur la manipulation…, cette tragédie, jouée pour la première fois en 1606, nous parle de l’homme et de ses vertiges, de ses abîmes et de ses rêves.

Manuel Piolat Soleymat