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Théâtre - Entretien

Thomas Jolly met en scène Le Dragon d’Evgueni Schwartz

Thomas Jolly met en scène Le Dragon d’Evgueni Schwartz - Critique sortie Théâtre Angers Le Quai d'Angers
Thomas Jolly crée Le Dragon d’Evgueni Schwartz CR : Christophe Martin

Le Quai d’Angers

Publié le 17 décembre 2021 - N° 295

Pour sa première grande création au Quai d’Angers, Thomas Jolly monte une pièce éminemment politique et spectaculaire, Le Dragon d’Evgueni Schwartz.

Evgueni Schwartz n’est pas un auteur très connu en France…

Thomas Jolly : Quand j’ai décidé de monter Le Dragon, je me suis aperçu qu’il y avait une belle lignée de metteurs en scène qui avait monté cette pièce. Vitez, Debauche ou Christophe Rauck par exemple. Et pourtant, Evgueni Schwartz reste un auteur méconnu. C’est un auteur russe qui a d’abord écrit des contes pour enfants avant d’imaginer, comme il le disait, « des contes pour adultes ». Le Dragon a été écrit en 1943 et s’attaque au nazisme ainsi qu’à tout totalitarisme, la pièce dépasse largement son contexte et résonne beaucoup aujourd’hui. Plusieurs mises en scène de ce texte s’annoncent.

Que raconte Le Dragon ?

T.J. : C’est l’histoire d’une ville placée sous le joug d’un dragon à trois têtes qui règne depuis 400 ans sur ses habitants, qui lui sont soumis et lui donnent des vivres. Chaque année, une jeune fille lui est sacrifiée. Cette fois, c’est la fille de l’archiviste qui a été choisie. Résignée, elle va vers son destin, une célébration s’organise pour son départ et, tout d’un coup, arrive Lancelot, chevalier professionnel dont la mission est de débarrasser le monde de ses monstres. Il décide d’aller combattre le dragon, les élites corrompues s’alarment et, en même temps, une forme de résistance qui était empêchée se réveille. Lancelot atteint son but mais, une fois le dragon mort, on s’aperçoit que d’autres dragons peuvent surgir et perdurer. C’est là que la pièce entre dans une dimension plus réaliste…

« Evgueni Schwartz me donne la possibilité de chercher la magie de la scène. »

Est-ce une pièce sur le rapport de la population au politique ?

T.J. : Cela raconte que la monstruosité n’est pas le fait d’un seul mais bien de toute une société. Que ce soit pour l’héroïsme ou la monstruosité, les mêmes processus sont à l’œuvre : ce ne sont pas uniquement des gens mais bien des forces collectives qui agissent les sociétés. Ce que dit l’auteur, c’est que le peuple peut avoir son destin entre ses mains, qu’il n’est pas pertinent d’attendre un homme ou une femme providentiels. La figure du monstre, qui hante de nombreuses pièces de théâtre, me fascine car elle interroge profondément : quand sort-on de l’humanité ? Quand cesse-t-on d’être humain ?

C’est aussi une pièce qui vous permet de renouer avec un spectacle grand format. Pourquoi aimez-vous tant cela ?

T.J. : C’est une forme voulue par l’auteur. Il y a soixante personnages, des moments magiques, un tapis volant, un chat qui parle, un dragon… Evgueni Schwartz me donne la possibilité d’opérer un déploiement scénographique et de chercher la magie de la scène, ce que j’aime particulièrement. Je pense qu’une œuvre peut être très belle avec trois chaises et une table, mais ce n’est pas le même voyage. J’adore les fresques, la rencontre entre une scène foisonnante et une salle pleine de spectateurs. Je vais pouvoir profiter du luxe qu’offre le Quai, avec son très vaste plateau, permettant de travailler dessus ou dessous, avec une équipe technique hyper compétente.

Propos recueillis par Eric Demey

A propos de l'événement

Le Dragon
du mardi 18 janvier 2022 au mardi 25 janvier 2022
Le Quai d'Angers
Cale de la Savatte, 49100 Angers

Du 18 au 25 janvier à 20h, le 22 à 18h. Tel : 02 41 22 20 20.

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