La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Jazz / Musiques - Entretien

Thomas de Pourquery

Thomas de Pourquery - Critique sortie Jazz / Musiques
© Pierre-Yves Le Meur

Publié le 10 mai 2012 - N° 198

Mélanges des sons infinis

En résidence « sous les pommiers » depuis décembre 2011, le saxophoniste est à l’affiche du festival pour trois créations : avec son groupe DPZ confronté à un quatuor de synthés, avec des musiciens amateurs et lors d’une « battle » opposant son groupe à un quartet québécois.

 «  On va improviser, mixer, découper, scénariser tous ces morceaux afin d’en extraire la substantifique moelle ! »

Le concert avec  les élèves de l’Ecole intercommunale de Musique du Pays Granvillais est l’aboutissement d’un travail mené auprès de jeunes amateurs. Comment avez-vous travaillé?

Thomas de Pourquery : Ce concert sera le fruit d’une rencontre plus que d’un travail sur le long terme : nous ne nous sommes rencontrés que 3 jours tout au long de l’année, il y aura dans cet orchestre des musiciens de l’atelier de jazz, et aussi des cordes et instrumentistes en tous genres, tels ces étudiants en classique à qui j’ai demandé de ramener des pièces qu’ils travaillaient déjà. J’ai apporté de mon côté une pièce écrite pour eux, et l’on va improviser, mixer, découper, scénariser tous ces morceaux afin d’en extraire la substantifique moelle !

La « battle sous les pommiers » face à un quartet canadien (Michel Donato-Franck Lozano-Isaiah Ceccarelli-François Bourassa) s’apparente à un véritable match d’impro jazz. Parlez-nous de cette confrontation…

T. de P. : Une bataille musicale de ce point de vue-là (avec 2 quartets qui s’affrontent pour de vrai) est un non-sens total ! Ce sera donc un rendez-vous ludique, assurément. Il y aura des épreuves que l’on ne connaît pas encore, mais j’imagine bien par exemple « le batteur québécois doit chanter Les feuilles mortes avec l’accent du sud-ouest », ou « chaque musicien du quartet français doit aller découper son homologue canadien dans le sens de la longueur avec son propre instrument »…

Règneront en maîtres la fourberie, la traîtrise et la mauvaise foi la plus élaborée. Le public votera pour son équipe préférée – la mienne ! – après chaque épreuve, et deux arbitres, un français et un canadien, que l’on aura probablement ligoté avant le coup d’envoi ! –  tenteront de faire régner le calme, et accessoirement gagner mon groupe…

Quel est le projet artistique de votre nouvelle création : DPZ & The Holy Synths ?

T. de P. :  DPZ (Délicate Punk Zoo, ou bien les initiales d’une phrase de votre choix) est le premier groupe que je codirige depuis 10 ans avec le tromboniste Daniel Zimmermann, avec Sylvain Daniel à la basse, Maxime Delpierre à la guitare et David Aknin à la batterie. Nous avions déjà collaboré avec un quatuor à cordes pour notre dernier album « He’s Looking at you, kid », et cela fait longtemps que l’on rêvait d’inviter un synthétiseur à se mélanger au son de DPZ. Nous avons donc eu l’envie de proposer l’idée à « Jazz sous les Pommiers »… Miles Davis avait prédit il y a bien longtemps que la nouveauté dans la musique viendrait des possibilités de mélanges de sons infinis, grâce aux instruments électroniques; sans prétendre révolutionner quoi que ce soit, nous goûtons avec délectation à la prophétie du sorcier. Sur le modèle du quatuor à cordes, chaque synthétiseur est monophonique et ne peut jouer qu’une seule note à la fois ; la palette et l’alliage des sons sont extrêmement riches et le fait qu’ils occupent toute la largeur de la scène crée une spatialisation naturelle du son absolument jouissive.

Propos recueillis par Jean-Luc Caradec


Jazz sous les Pommiers du 12 au 19 mai à Coutances (Manche). Tél : 02 33 76 78 68.

A propos de l'événement

Jazz sous les pommiers

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