Thomas Adès et Pekka Kuusisto

Familier de la Fondation Louis Vuitton, Thomas Adès, né à Londres en 1971, se présente cette fois dans son double rôle de pianiste et compositeur (il est aussi chef d’orchestre). La Fondation lui a passé commande – pour ce concert initialement prévu le 3 décembre 2020 avec la violoniste Leila Josefowicz, et alors annulé- d’une Sonate pour violon et piano intitulée Märchentänze, une forme bien ancrée dans l’histoire de la musique. Cette histoire, Thomas Adès s’en est toujours nourri et chaque œuvre au programme de ce récital offre autant de clefs pour sa propre musique : la Sonate de Janacek (1922) tout d’abord, avec sa construction en séquences abruptes ou enchaînées ; Stravinsky ensuite, regardant vers les formes du passé dans son Duo concertant (1932) mais sous le prisme d’un regard de biais, passé au crible du génie rythmique du compositeur du Sacre du printemps.

Duo concertant 

Puis Thomas Adès et Pekka Kuusisto rendent hommage à Oliver Knussen (1952-2018) avec l’une de ses dernières compositions, Reflection. Cette courte pièce n’est pas sans rappeler, par son lyrisme retenu, par ses changements d’atmosphères, la Sonate (1927) de Ravel que Thomas Adès et sa partenaire canadienne jouent ensuite. On comprend que le compositeur britannique ait souhaité mettre cette dernière œuvre à son programme : quel creuset pour la musique moderne ! Gorgé d’inventions depuis les sons vibrés du violon dans l’Allegretto, le Blues très personnel du deuxième ou le virtuose Perpetuum mobile du finale : on entendrait presque une prémonition du Boléro...

Jean-Guillaume Lebrun