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Théâtre du Châtelet : un festival de danse 100 % européen

Théâtre du Châtelet : un festival de danse 100 % européen - Critique sortie Danse
Légende photo : (crédit Fernando Marcos) : Nacho Duato, l’un des invités du festival de la danse européenne au Châtelet.

Publié le 10 avril 2008

De la Finlande à l’Espagne, les chorégraphes brisent les frontières pour investir la scène du Théâtre du Châtelet avec un seul mot d’ordre : du ballet, du beau, du grand, et un langage classique toujours très présent.

C’est sans demi-mesure que le Châtelet rend hommage à la danse, ou plutôt au ballet, jusqu’à mi-mai. En ouvrant le bal, le finlandais Tero Saarinen montre les interactions possibles entre une grande compagnie de ballet et un chorégraphe indépendant. Outre sa relecture des fameuses Noces de Stravinsky (intitulée Mariage, voir La Terrasse du mois de mars), Tero offre son propre solo, Hunt, sur le Sacre du Printemps du même compositeur : jupe blanche, projections vidéo et convulsions organiques pour une pièce bien singulière dans cette programmation de grandes formes. C’est aussi une belle façon de dévoiler le travail personnel de ce chorégraphe sans le poids d’un corps de ballet. Magnifique danseur également, Jean-Charles Gil embrasse à merveille la thématique européenne de la manifestation, puisqu’il fut le fondateur il y a presque dix ans du Ballet des jeunes d’Europe, devenu la compagnie permanente du Ballet d’Europe en 2003. C’est pourtant aujourd’hui à travers une dimension régionale qu’il se montre pour la première fois à Paris : Mireille plante littéralement son décor dans la Provence de Frédéric Mistral, où l’amour et la mort scellent le destin de jeunes gens. Interprète auprès des plus grands, de Noureev à Baryshnikov, Jean-Charles Gil ne s’est lancé dans la chorégraphie que très tard. S’il écrit pour Mireille un ballet très narratif, il se lance aussi, avec Folavi en création mondiale au Châtelet, dans une interprétation libre de la musique de Vivaldi. Charge à chacun de réinvestir son écriture dans un propos très contemporain.

Néoclassicisme, abstraction, narration… toujours virtuoses
La Compañia Nacional de Danza joue elle aussi à fond la carte de la modernité, sans pour autant faire un trait sur la narration. Pour ce faire, il prend comme solide base et source principale d’inspiration le magnifique film de Wim Wenders, Les Ailes du Désir. Un pari risqué face à cette œuvre, véritable chef-d’œuvre du cinéma allemand. Le chorégraphe lui-même, Nacho Duato, interprète le rôle d’un des deux anges, dans une forme ne se revendiquant ni du théâtre, ni de la danse, mais pour l’ouverture d’une nouvelle voie. Celle dans laquelle s’engouffre John Neumeier dans Mort à Venise, n’est pas aisée. Avec le Ballet de Hambourg, il s’inspire d’une nouvelle de Thomas Mann, très alambiquée et oscillant entre le rêve et la réalité, pour raconter les affres de la création. Le livret met effectivement en scène un chorégraphe confronté aux doutes et aux peurs face à l’échec. Beaucoup plus abstraite, la danse de Mauro Bigonzetti préfère, avec Wam, étudier par la danse la musique de Mozart, rattachant les forces créatrices de la danse et de la musique à celles, plus mystiques, de la nature. Par la suite, avec Cantata, c’est aux couleurs de la Méditerranée qu’il fait vibrer l’Aterballetto, grâce aux musiques du sud de l’Italie élaborées par le Gruppo Musicale Assurd.
Nathalie Yokel
Festival de Danse, du 4 avril au 16 mai, au Théâtre du Châtelet, 2 rue Edouard Colonne, 75001 Paris. Tel : 01 40 28 28 40. www.chatelet-theatre.com

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