La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Gros Plan

Temps d’images

Temps d’images - Critique sortie Théâtre Paris Le Centquatre
Kamp, de la compagnie Hotel Modern. Crédit photo : Herman Helle

Cent Quatre / Arte
Festival

Publié le 25 août 2013 - N° 212

Mêlant les arts de la scène et de l’écran, riche d’une quinzaine de propositions, la 12e édition du festival questionne les états limites et filtre les images déversées à flot continu qui finissent par noyer l’essentiel.

« Alors que les notions de temps et d’espaces sont chamboulées par l’efficacité d’outils de communication de plus en plus performants, on s’aperçoit que l’image essentielle, c’est toujours celle qui manque, celle qu’on ne voit pas » souligne l’édito de Temps d’images. « Ainsi montrer peut être le moyen de ne pas faire voir. ». En témoigne L’image manquante, film du Cambodgien Rithy Panh, qui dévoile la face cachée de la propagande khmer et sera projeté en avant-première… Lancé voici onze ans, le festival organisé en tandem par le Cent Quatre et Arte fouille justement cette prolifération du visible qui trouble la réalité, l’illusion et la vérité, noyés sous la déferlante médiatique. A la croisée des arts de la scène et de l’écran, il offre un espace de recherche et d’expérimentation, révélant de nouveaux langages nés des frottements du vivant et des techniques audiovisuelles. « Nous avons travaillé sur la notion d’« état limite », traduction littérale de « border line » qui s’applique ici pas seulement à la psychologie mais aussi à la démocratie, explique José-Manuel Gonçalvès, directeur du Centre Quatre. Dans chaque pays dit démocratique, on trouve encore des situations qui relèvent d’archaïsmes et de pratiques bafouant l’humanité et les principes démocratiques. » Nombre des artistes invités cette année éclairent ces points aveugles d’une lumière crue. Ainsi de l’installation de Mohamed Bourouissa qui rappelle l’indécence des conditions de vie carcérale ou de Vincent Delerme qui observe les citoyens se rendant au bureau de vote, soulignant la banalité apparente d’un geste pourtant politique et fondateur.

 

Etats limites

 

En une quinzaine de spectacles, installations, concerts et films, l’édition 2013 décape le vernis communicationnel badigeonné en épaisseurs sur les crevasses de l’Histoire et les failles du présent. Dans Kamp, la compagnie Hotel Modern use de la distanciation par le théâtre d’objet filmé pour montrer la barbarie nazie tout en interrogeant notre regard sur ce passé. Avec Jérusalem, le collectif Berlin reconstitue la réalité plurielle de cette ville en confrontant les points de vue des différents acteurs en présence. La réalisatrice et metteuse en scène brésilienne Christiane Jatahy s’inspire de Mademoiselle Julie, de Strindberg, qu’elle transpose dans son pays marqué par l’esclavage et la violence toujours active des rapports de domination. Reliant l’intime et le politique, le brésilien Enrique Diaz endosse, avec Monster, la vie de personnages frappés de dérèglements affectifs, tandis que Cyril Teste, avec Bedroom eyes, se glisse dans la vision subjective d’un homme aux prises avec ses visions d’enfance. Ces quelques exemples piochés dans la programmation creusent ainsi dans la masse des images pour travailler nos représentations, autrement dit pour faire art.

 

Gwénola David

A propos de l'événement

Temps d’images
du mercredi 18 septembre 2013 au dimanche 29 septembre 2013
Le Centquatre
5 rue Curial, 75019 Paris.

Le Cent Quatre, 5 rue Curial, 75019 Paris. Du 18 au 29 septembre 2013. Tél. : 01 53 35 50 00.
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