« Les Méritants », comédie post-apocalyptique mise en scène par Julien Guyomard
Avec un talent ébouriffant, Julien Guyomard [...]
Après M.O.L.I.E.R.E, la Compagnie Grand Tigre poursuit son exploration des grands auteurs et présente T.C.H.E.K.H.O.V., une création originale d’une grande vitalité qui raconte l’homme et l’auteur au travers de ses textes. Un spectacle lumineux !
Traversée Charmante avec Haltes Exploratoires dans la Kyrielle d’Humeurs d’une Œuvre Vécue : T.C.H.E.K.H.O.V. Ce spectacle, parsemé de citations tirées de ses pièces, explore la vie et l’œuvre de l’immense Anton Tchekhov dont le rôle est assuré à tour de rôle par Odile Ernoult, Clémentine Lebocey et Elsa Robinne. Les trois comédiennes incarnent aussi les grands personnages de sa vie – son père, ses frères et sœur, son éditeur… et leur donnent successivement la parole pour retracer les joies, les doutes et les peines de l’écrivain. Le récit est composé directement de ses textes théâtraux et s’articule principalement autour de quatre de ses pièces parmi les plus célèbres : La Mouette, Oncle Vania, Les Trois Sœurs et La Cerisaie. Au travers de la mise en scène dynamique et efficace d’Etienne Luneau, les trois voix des comédiennes, accompagnées par Joseph Robinne au piano, traversent la vie de Tchekhov, de sa jeunesse à ses derniers instants. La faillite de sa famille, le médecin qu’il était, son séjour à Sakhaline, le destin tragique de ses frères… Ces éléments défilent dans un décor simple qui fait écho à la simplicité de l’homme et le raconte avec une force inégale.
Tchekhov, raconté autrement
Tchekhov est ici raconté autrement ; la compagnie souhaite rompre avec cette teinte sombre et dramatique qui peut parfois l’enrober. Le ton est léger, plusieurs éléments anachroniques sont intégrés dans la mise en scène, l’humour et la musique sont omniprésents. S’il se dégage de ces éléments une grande vitalité, on craint, dans les premiers instants du spectacle, une approche trop superficielle de l’écrivain. De nombreux éléments sont évoqués sans que le spectacle ne s’y attarde – sa jeunesse, son rapport à son père, à la médecine, à l’écriture, aux femmes – et les scènes s’enchaînent sans que l’on pénètre au cœur de la complexité du dramaturge. Mais finalement, le récit nous prend et gagne en intensité et en profondeur. Quelques personnages savoureux font leur apparition – l’éditeur Souvorine, le metteur en scène Stanislavski… – et plusieurs scènes mettent en relief l’écrivain et son œuvre. « Vous savez, j’en arrive de plus en plus à la conviction que la chose qui compte, ce n’est pas les formes, vieilles ou nouvelles, mais le fait que l’homme écrive sans penser à aucune forme, qu’il écrive parce que ça coule librement de son âme », répond Tchekhov à Olga, alors qu’elle souligne l’absence d’action dans La Mouette. La scène de la remise du Prix Pouchkine, d’une grande justesse et drôlerie, met en exergue le rapport si particulier qu’il entretient avec ses écrits. On est finalement happé par ce spectacle lumineux qui dépeint un Tchekhov simple et plein de vie et souligne son regard si juste sur l’âme humaine.
Hanna Abitbol
le jeudi et vendredi à 19h, le samedi à 14h30 et 19h3O, le dimanches à 14h30. Relâche le 13 octobre. Tél : 01 48 08 39 74. Durée : 1h15
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Valérian Guillaume écrit, met en scène et [...]