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Sylvain Maurice réinvente ici et maintenant l’épopée de Penthésilée, portée par l’extraordinaire comédienne Norah Krief et les musiciens Dayan Korolic et Rishab Prasanna. Une fête du théâtre qui se tient sur un fil magique, entre distance jubilatoire et proximité bouleversante.
Sac à franges et chapeau emplumé, pantalon treillis et sandales pailletées à hauts talons, médailles militaires et T-shirt ajouré rappelant lointainement une cotte de maille : ce costume bigarré presque semblable à un déguisement d’enfance plante le décor. Cette Penthésilée-là n’est pas seulement la Reine d’une tribu guerrière, elle affiche d’emblée une forme de distance presque amusée avec le mythe, exprime aussi une forme de vulnérabilité et de proximité qui ramène le poème épique dans notre époque. Tantôt narratrice, tantôt personnage, elle transmet ici et maintenant l’histoire d’une grande amoureuse. C’est Norah Krief : elle est une Reine, elle est un clown, elle est une femme au cœur ardent, tragiquement prisonnière d’exigences contraires. En un geste elle raconte une foule de choses, en un mouvement du corps elle transforme son âme. Dans cette version scénique d’aujourd’hui façonnée par Sylvain Maurice et les siens, Norah Krief traverse un périple singulier qui s’aventure à la rencontre de figures antiques pour en laisser voir la poignante humanité, pour laisser aussi le théâtre se déployer dans son étrangeté mensongère qui pourtant parle vrai.
Une amplitude et une finesse qui enchantent
Quel contraste saisissant entre le mythe guerrier et impitoyable et le vertige du sentiment amoureux qui s’empare de son être ! Rappelons que la tribu des Amazones, exclusivement composée de femmes, créée suite au massacre d’un peuple dont les femmes violées réussirent à tuer leurs bourreaux, ne tolère les hommes que lors de la sensuelle Fête des Roses, « jusqu’à ce qu’en nous les semailles fleurissent ». Choisis parmi leurs captifs, les géniteurs sont ensuite renvoyés dans leurs foyers. Lorsque Penthésilée tombe amoureuse de l’indomptable Achille, qui l’aime en retour, elle est déchirée entre la fidélité à son passé et la nouveauté de l’amour. Resserrée autour du portrait de Penthésilée et de sa relation à Achille, la remarquable adaptation de Sylvain Maurice, créée à partir de la pièce d’Heinrich von Kleist, trace autant le portrait d’une héroïne tragique que celui d’une interprète qui endosse le récit et l’incarnation, dans une amplitude et une finesse qui enchantent. La pièce défait l’héroïne de son aura pour la fragiliser, l’humaniser, la plonger dans un creuset d’émotions contradictoires. Des émotions simples, qui s’expriment également grâce à la musique composée par Dayan Korolic, qui l’interprète à la basse avec le flûtiste Rishab Prasanna. La musique est ici un accompagnement, un appui, un partenaire de jeu qui ouvre l’imaginaire, c’est parfois elle qui prend le pas. La tyrannie d’un passé tutélaire qu’alimentent des enjeux guerriers a fait taire la force vitale du présent. Mais pas celle du théâtre !
Agnès Santi
à 13h30. Relâche les 12, 19 et 26 juillet. Tél. : 04 84 51 20 10. www.11avignon.com Durée : 1h05. Spectacle vu au Théâtre de Sartrouville et des Yvelines.
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