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Qui mieux que Zola pour dépeindre les paysans ? En adaptant La Terre et en pleine résonance avec l’actualité, Anne Barbot part sur les traces du monde agricole d’hier et d’aujourd’hui.
Créé à Pontaut-Combault, où s’entremêlent l’urbanisation et les zones agricoles d’Île-de-France, La Terre se trouve traversée d’une actualité brûlante. D’autant qu’Anne Barbot, la metteuse en scène qui a adapté avec Agathe Peyrard ce roman d’Emile Zola, ne cesse dans son spectacle de tirer les fils entre la réalité évoquée par l’auteur naturaliste et celle d’aujourd’hui. Il faut bien dire que tout paraît être déjà dans le roman : l’opposition entre le paysan et l’agriculteur, la question des tailles des parcelles, de la mécanisation, des engrais chimiques, des emprunts bancaires, de la concurrence étrangère, de l’exode rural… Comme si tous ces maux aujourd’hui soulevés par le monde agricole avaient germé depuis les premiers bouleversements de la Révolution industrielle et capitaliste du XIXème siècle, sans qu’on n’y trouve jamais remède. Ce n’est pas rassurant. À partir du roman de Zola issu de la série des Rougon-Macquart, la troupe Nar6 crée une adaptation frappante mais aussi une chronique familiale paysanne largement dépouillée de ses violences criminelles d’origine. Elle peint en effet un tableau nuancé de la paysannerie quand le roman est traversé de l’ambiguë fascination de Zola pour la sensualité débridée des classes populaires et pour ces gens de la terre qu’il dépeint, a minima, comme sacrément rustauds.
Autour d’une grande table en bois
Tel un Lantier qui débarque dans le bassin minier dans Germinal, Jean arrive donc à Rognes (village imaginaire de la Beauce) au milieu d’une famille paysanne dans laquelle le patriarche veut passer la main. Ses deux fils et sa fille suivent des chemins bien différents mais restent attachés à la terre, aux parcelles qu’il leur octroie, moyennant loyer. Pour raconter ces quelques années qui verront la famille s’entre-déchirer, Agnès Barbot efface le lyrisme de Zola au profit d’une action qui se déploie à coups de dialogues échangés dans des réunions familiales successives, qui se tiennent autour d’une grande table en bois. Les interprètes, avec leurs corps corpulents ou secs, façonnent un tableau saisissant et charnel de la paysannerie. L’interprétation inégale gagnera sans nul doute à la répétition des représentations, tant l’enchaînement des dialogues avec huit personnages au plateau tient de la mécanique de haute précision. Si le rythme pêche, le spectacle se maintient sur le fil de la peinture d’une société hautement patriarcale et violente, mais aussi primitive, dans les bons et mauvais sens du terme, solidaire et tenue ensemble par le cours tragique de son destin périclitant. Pour l’infléchir, il faudrait que les paysans trouvent les chemins d’une action commune, fait finalement miroiter Jean, montrant alors le chemin possible pour des soulèvements de la terre…
Eric Demey
du lundi au vendredi à 20h, samedi à 18h, dimanche à 15h30. Tel : O1 48 13 70 00. Durée : 2h20
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