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Théâtre - Gros Plan

Noémie Ksicova avec « L’Enfant brûlé » s’inspire de Stig Dagerman, d’une enfance sacrifiée à l’émergence d’un monstre

Noémie Ksicova avec « L’Enfant brûlé » s’inspire de Stig Dagerman, d’une enfance sacrifiée à l’émergence d’un monstre - Critique sortie Théâtre Paris Odéon-Théâtre de l’Europe - Ateliers Berthier
© Jean-Louis Fernandez L’Enfant brûlé mis en scène par Noémie Ksicova

Odéon – Théâtre de l’Europe

Publié le 27 février 2024 - N° 319

Noémie Ksicova s’inspire très librement de L’Enfant brûlé du Suédois Stig Dagerman. Pour dire les conséquences de la disparition placée au seuil du livre, elle créée une expérience physique, un théâtre de l’instant.

Dans Loss (2020) déjà, la mort était pour Noémie Ksicova un puissant moteur de théâtre. Dans cette pièce dont elle signait le texte, en collaboration avec ses comédiens et Cécile Péticone, elle mettait en scène la douleur d’une famille suite au suicide d’un fils, un adolescent de 17 ans. « Est-ce que le travail du deuil doit être réduit à vivre sans ? », s’interrogeait-elle notamment à travers sa fiction. Elle poursuit son exploration de la perte avec L’Enfant brûlé, où elle s’appuie cette fois sur un texte existant, le roman éponyme du Suédois Stig Dagerman, écrit en 1948. C’est encore dans une famille que survient la mort. Elle touche cette fois une mère en plein mois de janvier, en Suède, devant une boucherie. « Son absence prendra un poids que sa présence n’avait pas », résume la metteure en scène, qui se permet une approche très libre du livre, afin de mettre une nouvelle fois au premier plan les comédiens, qui pour beaucoup ont vécu Loss et savent donc jouer avec les morts.

Naissance d’un monstre

Bengt, qui a 20 ans lorsque sa mère disparaît, est l’enfant brûlé, le garçon sacrifié que désigne le titre de la pièce. Refusant de faire son deuil, ce protagoniste développe avec le reste de sa famille et son entourage des relations troubles, ambiguës. Il aime et déteste son père qui refait vite sa vie avec une autre, Gun, avec qui il se met à coucher comme un fils couche avec sa mère. Il s’enfonce dans des sentiments sombres et profonds, devient une sorte de monstre. En ajoutant à ceux de Stig Dagerman ses propres fantômes et ceux de ses quatre interprètes – plus un chien –, Noémie Ksicova cherche à « faire un théâtre où les images restent comme des phrases qui s’accrochent. Faire un théâtre pour sauver. Pour me sauver encore ». La parole vivante des acteurs se mêlent aux mots de l’auteur, en un vertige.

Anaïs Heluin

A propos de l'événement

L’Enfant brûlé
du mardi 27 février 2024 au dimanche 17 mars 2024
Odéon-Théâtre de l’Europe - Ateliers Berthier
1 rue André Suarès, 75017 Paris

du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h. Tel : 01 44 85 40 40.

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