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Théâtre - Entretien / Stanislas Nordey
Stanislas Nordey adapte pour la première fois au théâtre un roman : Le Voyage dans l’Est de Christine Angot, qui y revient sur l’inceste qu’elle a subi il y a 50 ans. Composé de différents niveaux de langage, ce texte pose de riches défis à la scène.
Pourquoi avoir choisi Le Voyage dans l’Est de Christine Angot pour votre première expérience d’adaptation d’un roman ?
Stanislas Nordey : J’ai choisi ce texte pour la même raison que je choisis toutes les œuvres que je mets en scène : parce qu’il m’a sauté à la gueule. J’ai découvert Christine Angot dès les années 90, surtout par son théâtre et n’ai jamais cessé de la lire depuis. J’aime sa langue, très orale. Le Voyage dans l’Est m’a particulièrement intéressé du fait de son rapport au temps. Les 50 ans d’écart entre l’inceste et son récit permettent un face-à-face entre l’autrice de 60 ans et son père de 44 ans que j’avais très envie de mettre en scène. Les différents niveaux de langage et d’écriture qui cohabitent, qui s’entremêlent dans le texte m’ont aussi attiré. L’alternance entre récit et dialogue pose au metteur en scène des défis que j’ai eu envie de relever.
Avez-vous associé Christine Angot à votre travail d’adaptation ?
S.N. : Je lui ai fait rencontrer les comédiens du spectacle : Cécile Brune, Carla Audebaud, Charline Grand, Pierre-François Garel, Claude Duparfait, Moanda Daddy Kamono et Julie Moreau. Il est toujours important pour moi que les acteurs puissent entendre la voix, voir les gestes de l’auteur. La dimension très médiatique de Christine Angot, les fantasmes qu’elle suscite ont rendu cette rencontre d’autant plus nécessaire. Mais j’ai préféré ne pas faire intervenir l’autrice dans l’adaptation : il me semblait qu’elle aurait pu vouloir faire de son roman tout autre chose. Or je voulais en garder la structure, l’architecture que je trouve parfaite.
Le rapport d’un lecteur à un texte est très différent, plus intime que celui qu’entretient un spectateur avec une pièce. Comment abordez-vous cela ?
S.N. : Je n’ai pas voulu cacher dans mon adaptation la nature romanesque du texte d’origine. Au contraire, je souhaite que cette matière littéraire soit sensible dans la pièce. Aussi n’ai-je pas cherché à faire des dialogues présents dans le texte des dialogues de théâtre. Il s’agit de dialogues de roman, et je veux qu’ils apparaissent comme tels au plateau. Pour m’approcher de l’écriture de Christine Angot, j’ai ressenti le besoin d’avoir recours à beaucoup plus de langages autres que le jeu d’acteur qu’à mon habitude : de la vidéo, des images, des textes projetés, de la musique composée par Olivier Mellano…
Vous avez aussi décidé de confier le rôle de Christine Angot à trois comédiennes. Pour quelle raison ?
S.N. : Au départ, j’ai imaginé la pièce avec uniquement Cécile Brune, avec qui j’ai été très heureux de retravailler sur Au bord de Claude Galea, ma précédente création. Il y a pour moi bien des similitudes entre ces deux projets, notamment parce qu’ils concernent tous les deux des femmes qui écrivent et défendent une écriture de l’intime. Puis la présence d’une comédienne pour incarner Christine Angot jeune m’est apparue indispensable : c’est Carla Audebaud, jeune actrice issue de l’école du TNS. Enfin, j’ai décidé en répétitions de convoquer une troisième Christine, en la personne de Charline Grand. Cela permet de ne pas identifier Christine Angot à un seul corps et une seule voix, de s’éloigner de l’incarnation et du naturalisme.
Propos recueillis par Anaïs Heluin
à 19h, sauf le 2 décembre à 18h, relâche le 3 décembre. Tel : 03 88 24 88 00. www.tns.fr. Également au Théâtre Nanterre-Amandiers du 1er au 15 mars 2024.
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