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Théâtre - Entretien / Stéphane Braunschweig
Pour la 3ème fois, Stéphane Braunschweig revient à Racine. Son Andromaque met en avant le concret de la langue de l’auteur, qui dit l’effet de la guerre de Troie sur les hommes, et plus encore sur les femmes.
Après Britannicus à la Comédie-Française en 2016 et Iphigénie à l’Odéon en 2020, vous retournez à Racine avec Andromaque. Comment expliquez-vous votre fréquentation assidue de l’auteur ces dernières années ?
Stéphane Braunschweig : Le théâtre de Racine m’habite depuis toujours. Si, le jugeant intimidant, j’ai mis du temps à passer à l’acte, il y a longtemps que je le pratique avec des élèves, notamment avec ceux du Théâtre National de Strasbourg. Ma décision de passer enfin à la mise en scène vient notamment des résonnances que trouve l’œuvre de Racine avec notre époque. Dans Iphigénie, que j’ai créée au moment du Covid, j’ai vu une métaphore de ce que nous étions en train de vivre : la pièce raconte un monde à l’arrêt, qui s’interroge sur ce qu’il faut sacrifier pour reprendre la marche du monde. Andromaque en est la suite. La guerre de Troie qui fait rage dans Iphigénie est terminée, mais elle a laissé des traces chez les humains.
Ce contexte de guerre fait aussi fortement écho à notre époque, en Ukraine et au Moyen-Orient.
S.B. : En effet, lorsque j’ai commencé à penser à Andromaque, la guerre en Ukraine avait déjà commencé. Le conflit entre Israël et le Hamas, qui a commencé en pleines répétitions, a souligné la résonance que peut avoir la pièce avec nos violences contemporaines dont les images nous abreuvent. Il me semble que nous faisons trop souvent abstraction du contexte de guerre lorsque nous étudions cette pièce à l’école ou quand elle est abordée au théâtre, au profit de ses histoires d’amour folles et non-réciproques. Je souhaite pour ma part le mettre au cœur de ma mise en scène.
Comment décririez-vous le rapport qu’entretient votre Andromaque à cette double actualité que vous évoquez ?
S.B. : Pas plus qu’à mon habitude il n’y a d’images de l’extérieur dans ma pièce. Tout l’enjeu est pour moi de réussir à exprimer concrètement la violence racinienne par le jeu de l’acteur. Cela grâce à une distribution familière à la langue de Racine, pour l’avoir côtoyée avec moi dans Iphigénie – des 8 comédiens de cette pièce, 5 sont dans Andromaque – ou dans le cadre d’une formation. Par leur maîtrise de la langue sublime de Racine, par leur jeu, les interprètes doivent faire sentir que la violence est partout à l’horizon. Je souhaite qu’ils livrent une lecture de la pièce à l’aune de notre époque, sans jamais l’actualiser.
La question du rapport entre les genres est aussi au centre des amours de l’héroïne éponyme, de Pyrrhus, Oreste et Hermione. Quel regard portez-vous sur cet aspect de la pièce ?
S.B. : Il y a en effet dans Andromaque un décalage évident entre les hommes et les femmes. Si Pyrrhus cherche l’amour d’Andromaque, il ne faut pas oublier que c’est au détriment de son alliance avec les Grecs que le mariage avec Hermione qu’il refuse aurait permis de cimenter. Quant à Oreste, il est souvent joué comme un romantique, alors que dans l’acte 3 il décide d’enlever Hermione avant ses noces. Si tous les personnages sont confrontés à la folie, celle des hommes est en plus empreinte d’une culture du viol dont il me semble important de rendre compte.
Propos recueillis par Anaïs Heluin
Du mardi au samedi à 20h, le samedi à 15h. Relâche exceptionnelle le 19 novembre. Tel : 01 44 85 40 40. www.theatre-odeon.eu. Également du 16 au 19 janvier 2024 au Théâtre national de Bordeaux, les 1er et 2 février au Théâtre de Lorient et du 8 au 14 février à la Comédie de Genève.
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