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Théâtre - Entretien / Marie Payen
Accompagnée par le musicien Raphaël Chassin et l’éclairagiste Hervé Audibert, Marie Payen crée un spectacle-performance qui met en perspective l’avenir de notre planète en investissant la langue des fous et des marginaux. Un « soliloque adressé aux étoiles » qui sort des chemins de la raison pour rêver un monde à venir.
Quelle est cette langue des fous dont se nourrit votre spectacle ?
Marie Payen : D’un point de vue purement sémiologique, elle se caractérise par l’éclatement du langage, par la dissociation des émotions, des comportements, des paroles… Il y a aussi l’hallucination et le délire. Je me suis inspirée de tous ces symptômes pour écrire La nuit c’est comme ça. Depuis très longtemps, je marche dans la rue et j’écoute celles et ceux que l’on appelle les fous. Je m’intéresse à eux, je les écoute, je les rencontre. La façon qu’ils ont d’être au monde m’a toujours beaucoup intéressée. Leur relation au concret est tellement déchirée qu’elle laisse passer beaucoup de lumière, d’imaginaire, d’idées, beaucoup d’images…
Quel déclic vous a conduite à initier ce projet ?
M.P.: Je n’écris que lorsque je tombe dans une question et que je ne peux plus m’en sortir autrement que par l’écriture. Pour cette création, cette question est la fin du monde, l’effondrement du vivant. Cette perspective m’a tellement secouée, que j’ai eu besoin de m’évader de chez moi pour enquêter. J’ai rencontré toutes sortes de scientifiques, des spécialistes, j’ai lu des livres, je suis allé dans des villages de résistants, de transitionneurs, dans des communautés spirituelles… Un peu comme une ethnologue, j’ai cherché des réponses. Mais il n’y en a pas. Le problème est beaucoup trop vaste pour être pensé par nos cerveaux. Je me suis donc demandé ce que pourrait être un poème sur l’avenir qui ne serait pas de la science-fiction. C’est là que la figure du fou, ou de la folle, s’est imposée.
En quoi cette figure est-elle mieux armée pour cerner le futur qui pend au nez de l’humanité ?
M.P.: Ce futur n’étant justement pas cernable, il nous faut l’appréhender avec beaucoup plus de souplesse et de liberté d’esprit que nous ne le faisons. Or, les fous ont moins de barrières que nous. Ils pensent le monde à travers des visions de biais, se faufilent dans des brèches où la raison ne peut pas aller.
À travers cette proposition, quelle relation souhaitez-vous instaurer avec les publics ?
M.P.: Je cherche des façons de jouer qui puissent agir par surprise sur les spectatrices et spectateurs. Il ne s’agit pas de construire un raisonnement avec eux, ou de les amener à se poser une question plutôt qu’une autre. Si j’amène les gens à voir une seule chose de façon nouvelle, ce sera déjà énorme. C’est pour cela que j’ai voulu travailler sur l’improvisation. Que ce soit le musicien Raphaël Chassin, l’éclairagiste Hervé Audibert, ou moi-même avec le texte, nous réinventons chaque jour sur scène notre partition. Le fait d’improviser met le public dans un état de réceptivité à l’invention qui me semble très intéressant.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
Du lundi au vendredi à 20h, le samedi à 18h, le dimanche à 15h30, relâche le mardi. Durée : 1h10. Tél. : 01 48 13 70 00. www.tgp.theatregerardphilipe.com
Egalement du 22 au 30 avril 2024, aux Plateaux Sauvages à Paris.
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