Stabat mater furiosa

Un cri, immense, incandescent, qui brûle les ombres de la conscience et frappe au cœur. Ce cri est celui d’une femme. Révoltée, furieuse. Elle dit l’horreur écarlate des corps broyés dans la machine guerrière, par delà les larmes et la raison. « Je suis celle qui essaie de comprendre par la colère, comme la cascade comprend la roche par la colère » lance-t-elle, dressée comme un poing serré à la face de l’Histoire. Le poète Jean-Pierre Siméon a écrit Stabat Mater Furiosa en 1997, lors d’un séjour de trois semaines au Liban. Fouetté par les images meurtrières du Rwanda, des Balkans, de la Tchétchénie, qui frappaient l’actualité quotidienne, le verbe libère la douleur comprimée dans le cœur face la violence barbare. Pour Yves Lenoir, « le lyrisme suppose « la voix en action ». Il fallait donc le rythme. La transe, le beat, l’ostinato sont avant tout plastiques. » Patricia Dallio, compositrice et musicienne, a suivi les impulsions de la langue, son grondement qui gonfle lentement, irrépressiblement, jusqu’à l’insurrection. « J’ai fait le choix radical de mettre les spectateurs debout sur le plateau avec la comédienne Catriona Morrison, ajoute-t-il. Cela n’est pas une expérience, simplement un partage de la scène. ». Un choix politique donc.

Gw. D.

Stabat Mater Furiosa, de Jean-Pierre Siméon, mise en scène d’Yves Lenoir, du 8 au 29 juillet 2009, relâche les 15 et 22, à 15 h, dans le cadre de la programmation de la région Champagne-Ardennes, à la Caserne des Pompiers, 116 rue de la Carreterie. Rens. 04 90 87 26 80.