La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2016 - Entretien / Vincent Dussart

Sous la Glace

Sous la Glace - Critique sortie Avignon / 2016 Avignon Avignon Off. L'Entrepôt
Vincent Dussart met en scène Sous la glace. Crédit : DR

L'Entrepôt / de Falk Richter / mes Vincent Dussart

Publié le 26 juin 2016 - N° 245

Vincent Dussart met en scène l’histoire de Jean Personne, que son enfance transparente a conduit à transformer son âme en tonneau des Danaïdes : alerte existentielle sur fond de rock’n’roll…

 « Un texte sombre qui sonne comme une alerte. » 

Comment avez-vous choisi ce texte ?

Vincent Dussart : Je travaille depuis un certain nombre de spectacles, sinon dans tous mes spectacles, sur les stratégies que mettent en place les humains pour se sentir exister. Voilà aussi un certain temps que je m’interroge sur mon propre travail, sur la manière dont il me remplit, dont il me laisse vide. Je cherchais un texte qui parle du travail, et celui de Richter fait un lien tout à fait évident et très écrit (car très explicite) entre cette difficulté à se sentir exister, cette fragilité de la conscience de soi, et cette addiction au travail. Le texte alterne les scènes d’enfance où Jean Personne, Mister Nobody, éprouve cette défaillance du sentiment d’exister, et celles où, adulte, il essaie de combler cette défaillance par de la performance, sans jamais y parvenir vraiment : ce texte m’a bouleversé !

Comment le mettez-vous en scène ?

V. D. :C’est une pièce kaléidoscopique – scènes d’enfance, scènes dans l’entreprise, scènes avec ses collègues -, où Jean Personne cherche des stratégies pour se sentir exister, jusqu’à arriver en retard dans les aéroports pour entendre appeler son nom… C’est un récit de moments de vie, mais qui apparaissent plutôt comme des souvenirs. J’avais besoin de son pour les lier entre eux, le son vient fragmenter le récit et crée de l’accident en permanence. Un des trois personnages joue de la guitare électrique en live sur le plateau : on passe de la berceuse d’enfance avec des mélodies presque nostalgiques à des moments beaucoup plus violents, où la guitare est saturée.

Quelle leçon de vie nous propose-t-il ?

V. D. :A la fin du spectacle, l’être humain disparaît et les objets de consommation gèrent le monde. On est face à une humanité qui a abandonné la sensibilité et ce qui la fait humaine. Mais ce n’est pas un texte fait pour déprimer. La solution, c’est l’empathie : se regarder les uns les autres et retrouver le regard de l’enfance. Au-delà d’un jugement moral sur l’entreprise, c’est comme si Falk Richter nous disait : revenons à l’essentiel, à l’humain, même s’il nous montre un monde qui a complètement renoncé. C’est un texte sombre qui sonne comme une alerte : il faut faire attention aux autres.

 

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

Sous la Glace
du jeudi 7 juillet 2016 au samedi 30 juillet 2016
Avignon Off. L'Entrepôt
1 Boulevard Champfleury, 84000 Avignon, France

à 15h25. Relâche le 18. Tél: 04 90 88 47 71.

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