Lisaboa Houbrechts revisite Médée d’Euripide
Après un très remarqué Pépé Chat ou comment [...]
Hélène Bertrand, Margaux Desailly et Blanche Ripoche créent une performance quasi muette où elles s’attaquent à l’imaginaire des sirènes, et au-delà des récits dominants, sans parvenir à faire théâtre de leurs ambitieuses intentions.
Presque muette, exception faite d’une docte voix inaugurale issue d’un vieux magnétophone dissertant entre autres sur nos mythes ancestraux ou sur la différence entre nature et culture, la performance imaginée par Hélène Bertrand, Margaux Desailly et Blanche Ripoche a de (trop) hautes ambitions. Elle vise à « renverser par l’absurde nos représentations mythiques, héroïques, historiques », « à détricoter les récits dominants et faire émerger d’autres récits possibles », en une sorte de « rituel cathartique ». Loin de la créature fabuleuse qui envoûte et ensorcelle, le mythe de la sirène est ici disséqué, revu et corrigé. Pour commencer, la sirène apparaît comme une drôle de bestiole domestiquée, cantonnée dans une sorte de vivarium. Après avoir enfilé une queue qui les entrave, trois spécimens animaliers sont ainsi exposés, et se débrouillent pour survivre.
Une traversée diffuse et naïve
Toutes trois connaissent ensuite une série de mues et métamorphoses, dans le but de dézinguer d’anciens schémas désuets et des fantasmes millénaires sur le féminin ou la nature, mais sans que le sous-texte n’émerge de manière suffisamment intéressante. Les trois comédiennes et metteuses en scène sont nues, en un geste qui se plaît à banaliser une nudité se voulant brute, inculte, désexualisée. Elles se lancent dans une sorte d’entreprise de déconstruction de notre rapport au réel et aux mythes qui, malgré quelques moments plus ou moins saillants, ne parvient pas à créer un rituel théâtral au long cours. Spectaculaire, véhémente, naïve, leur tentative de s’inscrire en faux contre les savoirs et l’imaginaire dominant peine à faire sens. Peut-être que leur traversée épique, malgré son évidente expressivité et malgré quelques moments significatifs où les corps racontent autant sinon plus que les mots, se laisse déborder par ses multiples objectifs.
Agnès Santi
lundi, jeudi, vendredi à 20h, samedi à 18h. Tél : 01 48 13 70 00. Durée : 1h. Spectacle vu lors du Festival WET à Tours en mars 2023.
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