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Danse

Sidi Larbi Cherkaoui : la religion du dialogue

Sidi Larbi Cherkaoui : la religion du dialogue - Critique sortie Danse
Sidi Larbi Cherkaoui présente Myth au Théâtre de la Ville.

Publié le 10 septembre 2007

A 31 ans, le jeune chorégraphe belge a déjà créé plus de dix pièces. Avec un humour vigoureux et des questions sans complexes, il explore le temps, l’intime et la rencontre.

« De plus en plus souvent, j’ai envie d’affirmer : “Je crée une danse religieuse”. » Une telle déclaration a de quoi étonner : la référence religieuse ne court pas les rues dans le milieu chorégraphique. Mais on peut effectivement lire ainsi le parcours de Sidi Larbi Cherkaoui. Rien de Rien (2000) se déroulait dans une sorte de mosquée envahie par le son des violoncelles. Ook (2001), créé pour une compagnie d’acteurs atteints d’un handicap mental, touchait à la question de la transcendance. Foi (2003) explorait la puissance du sentiment religieux, sous toutes ses formes. Né à Anvers d’une mère flamande et d’un père marocain, Sidi Larbi Cherkaoui fait ses débuts de danseur dans les spectacles de variétés et émissions télévisées. Il plonge dans un tout autre univers lorsqu’il entre à PARTS, l’école d’Anne Teresa de Keersmaeker, haut-lieu de la pédagogie en danse contemporaine – ce qui ne l’empêche pas de continuer à se produire au sein de compagnies de hip-hop et de modern jazz. Le jeune danseur, souple comme un roseau, aux yeux perçants, est repéré par Alain Platel, des Ballets C. de la B., qui l’invite à participer à la création de Lets op Bach, spectacle qui tournera dans le monde entier.

Le bonheur de transcender les frontières

Les chorégraphies de Sidi Larbi Cherkaoui sont rapidement plébiscitées au niveau international. Elles sont à l’image des mélanges de cultures qu’il a toujours traversés avec bonheur. Pour Tempus Fugit (2004), les danseurs s’essaient à la technique chinoise d’escalade de poteau. En 2005, avec Akram Khan, il invente un échange de compétences chorégraphiques et s’initie à la danse kathak. Chacune de ses créations s’appuie sur un rapport profondément original à la musique : dans Foi, les chansons pop rencontrent des airs italiens du Moyen-Age ; dans Tempus Fugit, la musique arabe répond à la polyphonie corse. La musique et la danse deviennent un moyen d’atteindre à l’intime de la foi, tout en transcendant les barrières culturelles : « Je veux voir une pièce comme un rituel où des gens se réunissent pour mettre en scène quelque chose qui soit peut-être un reflet de la réalité, ou un reflet de l’avenir, ou du passé ». Le prochain rituel aura lieu au Théâtre de la Ville : Myth veut interroger les « moments décisifs » d’une vie humaine, au son des musiques anciennes interprétées par l’ensemble Micrologus.


Marie Chavanieux


Myth, chor. Sidi Larbi Cherkaoui, du 25 septembre au 6 octobre à 20H30 au Théâtre de la Ville, 2 place du Châtelet, Paris 4e. Tél. : 01 42 74 22 77. www.theatredelaville-paris.com

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