Si ça va, bravo

« Si ça va bravo est une tentative moderne de la réduction de La Comédie humaine de Balzac, pour SMS et Smartphone, rédigée virtuellement par un auteur borgne, vulgaire et inculte. », dit malicieusement Jean-Claude Grumberg de son texte, affirmant ainsi son caractère inclassable et déroutant. « Deux hommes de la vie quotidienne vont éprouver (dans une apparente banalité) une succession de « Ça va ? », et atteindre une forme de folie à mesure qu’ils ne se comprennent pas. », résume Johanna Nizard, qui a choisi de confier à Renaud Danner et Etienne Coquereau les rouages de cette mécanique diaboliquement drôle.

Parler pour ne rien dire, dire pour ne pas parler

Les deux comédiens sont installés sur un plateau nu. En fond de scène, une photographie inspirée d’un film de Guy Debord (In Girum Imus Nocte Et Consumimur Igni), qui représente des spectateurs assis. En plaçant ainsi le décor à la place du spectateur, Johanna Nizard entend figurer l’espace de l’opinion publique et de ses considérations à l’emporte-pièce. « Obsessions face à la maladie, à la peur de mourir, aux cauchemars de l’Histoire, à la judéité » : les deux personnages « jouent leur révolte face à l’oppression du pouvoir et au déni d’humanité, et deviennent touchants et drôles de lucidité et de naïveté », dit la metteur en scène. Entre le « Ça va ? », dont on espère toujours qu’il sera sans réponse, et le « Bravo », qui offre au jugement le masque d’un acquiescement sans contenu, se tiennent les non-dits, que Grumberg fait bavarder ensemble.

Catherine Robert