Rigal dans tous les sens
Quatre pièces, dont une création, pour [...]
La dernière création de Rachid Ouramdane donne une visibilité aux « éco-réfugiés », contraints à l’exil du fait de catastrophes climatiques.
Souvent Rachid Ouramdane fait de la scène une fenêtre ouverte sur des minorités, vers lesquelles il s’est tourné dans une démarche de collecte de témoignages. Sa danse se compose dans les traces laissées par ces hommes et ces femmes dans les corps des danseurs, fulgurantes, omniprésentes, mais dans la distance que le chorégraphe, appuyé par des images et scénographies pertinentes, sait apporter. Sfumato, sa dernière création, n’échappe pas à ces principes, mais passe à côté de la force et de la gravité qui pouvaient caractériser aussi bien ses pièces précédentes que les thématiques abordées. Dans ce spectacle, cette force se concentre dans une scène phare magnifique qui ouvre le spectacle : une femme tournoyant, le corps et l’esprit emportés dans une transe magistrale, profondément habités par le souffle d’une vie qui ne sait où se poser, ni comment s’arrêter.
Des danseurs noyés sous la masse d’eau
Cette femme figure tout à la fois la tornade qui efface tout sur son passage, et la difficulté pour chacun de trouver la paix lorsque les situations conduisent les hommes à subir l’exil. Les visages des réfugiés climatiques, filmés en gros plans, en disent beaucoup sur l’épreuve du déracinement. L’équipe des danseurs, parmi lesquels se conjuguent des interprètes venus du cirque, du hip hop ou des claquettes, est prise dans un environnement que le chorégraphe a voulu très prégnant. Des trombes d’eau s’abattent sur eux, quand ce n’est pas une consistante fumée qui envahit le plateau jusqu’à faire disparaître toute trace humaine. Mais l’épaisseur de ce brouillard prend le pas sur l’épaisseur du thème, laissant le spectateur sur sa faim. Les effets « climatiques » restent, sur scène, dans la banalité des effets spéciaux.
Nathalie Yokel
Quatre pièces, dont une création, pour [...]