Rosa Luxemburg Kabarett
Théâtre des Carmes / de et mes Viviane Theophilidès
Publié le 22 juin 2018 - N° 267Viviane Theophilidès a choisi la forme du cabaret à l’allemande pour brosser le « portrait intuitif » de la révolutionnaire Rosa Luxemburg, interprétée par Sophie de La Rochefoucauld.
On pourrait écrire des volumes entiers sur les trahisons en politique. Une des trahisons historiques, et ressentie comme telle par Rosa Luxembourg, fut le vote des crédits pour la guerre par son parti, le SPD (Parti socialiste allemand), en 1914. C’est aussi l’une des scènes fortes du nouveau texte de Viviane Theophilidès qui a choisi une forme doublement originale pour parler de Rosa Luxemburg. Le cabaret à l’allemande, qui donne son nom au spectacle, s’est imposé assez vite car « il n’y a pas à proprement parler de personnages, à part Rosa Luxemburg, mais plutôt cinq acteurs – dont une chanteuse et une musicienne – qui ont à interpréter une partition. » En découle l’autre principe formel du spectacle : l’intrusion du contemporain parmi des scènes dialoguées, des chansons, des sketchs. On voit donc les acteurs Bernard Vergne, Géraldine Agostini, Anna Kupfer, Sophie de La Rochefoucauld et Viviane Theophilidès elle-même, jouer tantôt leur propre rôle, tantôt Rosa Luxembourg et son entourage. Cet aller-retour entre les deux époques, avec parfois des anachronismes assumés, donne au spectacle une grande vivacité tout en permettant à la metteuse en scène des réflexions personnelles, qu’il s’agisse d’évoquer le souvenir de son grand-père ou d’autres grandes trahisons du XXe siècle (Pétain, Staline).
Lutte des classes et héritage politique
De cette forme vivante se dégage le noyau dur du spectacle : celui de la lutte des classes « qui est toujours un peu là » et, constitue, selon Viviane Theophilidès, « le lointain message que Rosa Luxemburg nous adresse quand bien même le monde et les mots pour le décrypter ont fait semblant de changer pour mieux nous abuser ». L’assassinat de la révolutionnaire, en janvier 1919, a mis fin à sa vie mais pas à son héritage politique. Le sous-titre de la pièce « j’étais, je suis, je serai », fait écho à la dernière réplique du texte : « Je reviendrai et je serai des millions ». Si le Grand soir n’est pas encore advenu, Viviane Theophilidès espère « en la compagnie [de Rosa Luxembourg], nous métamorphoser en lucioles. »
Isabelle Stibbe
A propos de l'événement
Rosa Luxemburg Kabarettdu vendredi 6 juillet 2018 au mercredi 25 juillet 2018
Avignon Off. Théâtre des Carmes
6 place des Carmes, Avignon
à 16h25. Relâche les jeudis 12 et 19 juillet. Tél. : 04 90 82 20 47.