Pasolini Musica

Ecrivain, poète, journaliste, scénariste, réalisateur, mais aussi provocateur, libre penseur, homosexuel, dérangeant… Difficile de résumer la vie de Pier Paolo Pasolini, né à Bologne en 1922 et assassiné sur une plage d’Ostie en 1975, dans des circonstances encore mystérieuses. Une voix insolente, à mille lieues du politiquement correct. Un artiste engagé qui continue de déranger : son film Salo et les 120 journées de Sodome est toujours aussi sulfureux et certains de ses propos – sur la télévision ou le pouvoir – résonnent avec encore plus d’acuité au XXIe siècle. Le metteur en scène André Roche, admire sa lucidité critique et estime même que « c’est l’un des artistes qui a une grille de lecture la plus adéquate au monde d’aujourd’hui, à sa transformation, à la société de consommation, au néo-libéralisme et ses ravages. »

La chanson : une facette méconnue de Pasolini

C’est pour porter cette parole – aussi bien à ceux qui pensent la connaître qu’à ceux qui voudraient la découvrir – qu’il livre un portrait de Pasolini dans lequel il s’attache à « montrer l’ici et maintenant des êtres, la grâce qui s’empare d’eux pendant le chant, dans les corps, dans les mots ». La vie de l’Italien est retracée de façon chronologique mais sans narration ni exposé didactique. Poèmes, chansons, interview, textes politiques composent la matrice de ce spectacle qui ambitionne de « montrer les choses et les êtres dans leur sacralité », selon la formule de Pier Paolo Pasolini. Un spectacle résolument musical pour rendre hommage à une facette méconnue de l’auteur – du moins en France – : la chanson. Comme Pasolini en avait écrite pour son actrice fétiche Laura Betti, la compagnie « L’Arsenal d’apparitions » crée des mélodies originales composées par Dmitri Negrimovski sur des poèmes de l’artiste italien. C’est le comédien et chanteur Miguel-Ange Sarmiento qui l’incarne, entouré par deux chanteuses et une musicienne : Stéphanie Boré, Eva Kovic et Solène Ménard.

Isabelle Stibbe