Reconstitution
Pour Guy Delamotte et Véro Dahuron, [...]
Marielle Pinsard revient au Tarmac avec un spectacle cocasse et poétique « où tout est offert mais où rien n’est gratuit » et qui capitalise les métaphores en pariant sur l’humanisme et la création.
Pourquoi ce sous-titre : « c’est la faute aux enfants » ?
Marielle Pinsard : Parce que dans tout ce qui concerne le monde financier, c’est toujours la faute de quelqu’un d’autre ! La déresponsabilisation est totale et l’humain se cache derrière la puissance des algorithmes. Les algorithmes sont des boucs émissaires pratiques, puisque rien ne peut les culpabiliser. Ce sous-titre est donc un peu ironique, bien sûr, surtout quand on songe que nous allons justement laisser le monde à ces enfants !
Pourquoi cet intérêt pour les algorithmes et la finance ?
M.P. : J’ai lu l’ouvrage de l’anthropologue Alexandre Laumonier, 6/5, qui explique que le comportement des algorithmes est proche de celui des humains. Ce livre a été une révélation ! Il traite les algorithmes financiers comme des personnages à part entière et montre que leurs noms sont porteurs de la fonction guerrière qu’ils sont supposés réaliser. Je leur laisse donc l’écran du fond de scène, et en avant, huit comédiens jouent les rôles de ce qu’on retrouve toujours dans la finance : l’excès de confiance, l’euphorie, la déresponsabilisation et l’ésotérisme. C’est un spectacle en tableaux qui raconte des histoires. Parmi les personnages, il y a la dette, mais aussi Karl Lagerfeld, un noble chevalier, etc. Pendant que sur l’écran, les algorithmes calculent et font des remarques, sur scène, on joue. Et on joue avec optimisme plutôt qu’avec alarmisme, en affirmant justement la nécessité de jouer sans parti pris politique caricatural. On me demande si ce spectacle est anticapitaliste… Mais ce n’est pas le problème ! Le problème, c’est de continuer le théâtre, les arts, les humanités, car ça, c’est fantastique ! Voilà pourquoi il est dommage de mettre en danger des lieux comme le Tarmac, car fondamentalement, nous, les humains, sommes faits pour ce genre de chose : pour réaliser ce que les machines ne sont pas capables de faire, c’est-à-dire raconter nos histoires.
Catherine Robert
Du mardi au vendredi à 20h ; samedi à 16h. Tél. : 01 43 64 80 80.
Pour Guy Delamotte et Véro Dahuron, [...]