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Depuis 20 ans, il arpentait les scènes de théâtre dans la peau et les vêtements mal ajustés de Monsieur Fraize, un garçon gauche, saugrenu, solitaire. Le comédien Marc Fraize change aujourd’hui de genre pour nous présenter l’alter ego féminin et solaire de son personnage.
Tout commence par une chanson célèbre. Ou plutôt par un air de guitare, l’introduction de Piensa en mí qui fait rouler ses accords mélancoliques. Répétitives, lancinantes, les premières mesures du titre écrit par le Mexicain Agustín Lara en 1935 (revisité par Luz Casal, au début des années 1990, pour le film Talons aiguilles) jouent malicieusement les prolongations. Marc Fraize est pourtant déjà sur scène. Vêtu d’une robe verte ample et fendue, ganté de rose jusqu’au-dessus des coudes, chaussé d’escarpins rouges, perruqué, un collier de perles autour du cou, le lauréat du Prix Nouveau Talent Humour 2019 de la SACD a rejoint un micro sur pied disposé au centre du plateau quasiment vide (en fond de scène, apparaissent un haut tabouret et une table bistrot). Mais le moment de commencer à chanter est sans cesse repoussé. Madame Fraize lance sourires et œillades au public : mimiques gênées, complices, amusées… Madame Fraize, c’est la face cachée de Monsieur Fraize. C’est son pendant solaire, lumineux, rieur, enjoué. Beaucoup plus libre que le personnage empêché qui a fait le succès du comédien, la figure de femme qui se présente aujourd’hui à nous finit par interpréter gentiment Piensa en mí, avant de nous balader, une heure et vingt minutes durant, à travers des sentiers comiques baignés d’absurde et de sensibilité.
Une drôlerie tendre et absurde
Moins farouche que son alter ego masculin, moins timide et plus joyeuse, plus liante et sans doute plus conciliante, Madame Fraize est tout aussi fantaisiste. Comme lui, elle commence par convoquer les particularités de situations qui s’effilochent, qui nous placent en marge des règles ordinaires de la consistance. Puis peu à peu, les mots ouvrent le champ à des possibles improbables. Il est question de l’existence en général et de la vie de couple en particulier. Toutes sortes de pensées s’enchaînent, cocasses et biscornues. Madame Fraize parle du réel tel qu’elle l’envisage et qu’il lui apparaît. Ses réflexions sont souvent sujettes à caution, mais elles révèlent sincérité et profondeur intérieure. Tout en sourires et complicités, cet être atypique nous gagne à sa cause en évoquant des tas de choses anodines, mais également pas mal de vérités. Jamais cynique, Madame Fraize a une capacité d’étonnement et d’enthousiasme communicative. Il fallait un comédien de grand talent pour donner vie avec autant d’évidence à cette femme pas comme les autres. Marc Fraize n’en manque pas. Entre non-sens et esprit d’à-propos, il signe un seul-en-scène humoristique d’une étonnante délicatesse. Un tendre hommage à la féminité.
Manuel Piolat Soleymat
du mercredi au samedi à 21h. Durée de la représentation : 1h20. Tél. : 01 44 95 98 21. www.theatredurondpoint.fr.
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