« Rêche » de Myriam Gourfink sur la musique de Kasper T. Toeplitz

Après Structure souffle, qui s’appuyait sur la maîtrise de la respiration, de l’air qui envahit puis déserte nos alvéoles pulmonaires comme un ressac interne et indispensable, Myriam Gourfink va plus loin. Rêche, sa nouvelle création pour sept danseurs, zoome à l’intérieur du corps pour s’intéresser aux fascias, ces fines membranes translucides qui entourent nos organes, nos muscles, nos os, nos artères. Ils servent de matrice, de support au corps humain. Au rythme de l’inspire, tous ces tissus se gonflent comme autant de voiles prêtes à rassembler tout le corps pour prendre son envol, comme le groupe sert de matrice pour rendre visibles ces sensations presque imperceptibles.

Dans l’air du temps

Rêche sera créé dans le cadre majestueux du Panthéon, avec, sur les murs, des toiles d’Anselm Kieffer qui racontent « le sang, le fer, la neige à Auschwitz ». Une volonté de la chorégraphe d’origine juive ukrainienne, qui affirme que son titre est en lien avec toute une symbolique hébraïque, et notamment les lettres « rech » (ר) et « zayin » (ז) qui, pour elle, correspondent à l’apnée, poumons vides ou pleins. Mais, surtout, Myriam Gourfink s’inspire de son expérience personnelle de méditation yogique qui permet d’éprouver des sensations de colère ou de violence tout en maintenant une bulle de douceur. Une épreuve qui prend tout son sens dans notre monde actuel en proie à des événements violents, et d’autant plus sous la coupole du Panthéon. Une posture à contre-courant qu’elle revendique avec son complice de toujours, le compositeur Kasper T. Toeplitz, qui affirme que « même si le pire advient, on peut toujours être au meilleur de nous-mêmes ».

Agnès Izrine