Marina Otero en trois étapes, entre éros et thanatos
Théâtre du Rond-Point / Chorégraphies Marina Otero
Publié le 27 août 2024 - N° 324Se rappeler pour vivre : c’est là toute la démarche autofictionnelle bâtie par la chorégraphe argentine Marina Otero, que l’on retrouve au Rond-Point entre éros et thanatos.
Fuck Me, Love Me et Kill Me sont trois pièces qui constituent en quelque sorte un triptyque, mais qu’il faut avant tout relier à la démarche globale de la chorégraphe basée à Madrid : la construction d’une œuvre autour de sa propre vie, qui de fait ne prendra fin qu’à sa mort. De mort, il est justement beaucoup question, qu’elle l’enrobe de corps nus, sexualisés, ou de récit crus et poignants. L’adresse au public est directe puisqu’à la première personne, qui nous fait hésiter parfois entre le réel et la fiction. À commencer par Fuck Me, où les premières séquences d’hommes dansant dans toute leur virilité laissent place à l’histoire d’un spectacle en train de se faire, avec une Marina Otero diminuée, mais bien déterminée à nous raconter ses vérités… Le récit conjugue des vidéos d’archives où on la découvre petite fille ou femme chorégraphe au travail, pour finalement exploser en une fin de course mi-lard mi-cochon qui sait se jouer de nous.
Les grains de folie de Marina Otero
Cette première pièce a montré une Marina Otero en pleine maîtrise de la scène, de ses langages et des ressorts dramaturgiques d’une écriture autofictionnelle pluridisciplinaire. Le deuxième volet Love Me joue au contraire la carte de l’intime, dans un dispositif scénographique des plus simples : une femme assise face public, et son récit qui se déroule, vidéo-projeté par écrit derrière elle. Là encore, il faut attendre la fin pour prendre la mesure de tout ce que ce vécu peut faire éclater en elle ; le vécu d’une femme, mais aussi de toutes les femmes, qu’elle parvient à accorder au pluriel et qui transcende son ego. Pour le dernier opus Kill Me, Marina Otero joue sur la frontière entre la mort et la folie, en invitant sur la scène des interprètes qui, comme elle, connaissent les affres de la maladie mentale. Sans oublier les fantômes de Marylin Monroe, ou Lady Diana, en dialogue avec l’incarnation sur scène de Nijinski, danseur jusque dans sa folie.
Nathalie Yokel
A propos de l'événement
Marina Otero en trois étapesdu mercredi 18 septembre 2024 au dimanche 29 septembre 2024
Théâtre du Rond-Point
2 bis, avenue Franklin D. Roosevelt, 75008 Paris
Fuck Me : du 18 au 22 septembre, mercredi, jeudi et vendredi à 21h, le samedi à 20h et le dimanche à 17h.
Love Me : le 24 septembre à 19h30.
Kill Me : du 25 au 29 septembre, mercredi, jeudi et vendredi à 21h, le samedi à 20h et le dimanche à 17h.
Tél. : 01 44 95 98 21