« La Supplication », oratorio post-apocalyptique de Svetlana Alexievitch sur le désastre de Tchernobyl
La compagnie Lolita Monga et la compagnie [...]
À la fin du 19ème siècle, l’intendant d’un domaine de Vénétie est confronté à l’arrivée d’une esclave venue du Soudan. Juliane Stern imagine et met en scène une relation inattendue, une amitié faite d’histoires et de contes. Une pièce touchante, pleine de douceur et d’humanité.
Elle, c’est Bakhita. C’est comme cela du moins qu’on l’appelle : elle a oublié son prénom de naissance, tout comme le visage de ses parents. Lui, c’est Illuminato Cecchini, l’intendant d’un grand domaine de Vénétie, Italie. Un jour, Bakhita y est débarquée de son pays, offerte à la maison après avoir été achetée au Soudan, où l’esclavage sévit encore. Et c’est elle, parce qu’elle ne « dit jamais non », que la maitresse de maison désigne pour s’occuper jour et nuit d’Alice, dite Mimina, dernière-née de la famille. Qui est cette jeune fille, quelle est cette couleur de peau, et pourquoi prendrait-elle l’emploi des Italiens en demande ? Un jour Illuminato découvre qu’à partir d’une graine plantée par la nouvelle domestique se sont formées de magnifiques fleurs. Et la méfiance cède la place à la curiosité, bientôt elle-même mise de côté par une amitié sincère, interprétée par ce splendide duo formé par Elsie Mencaraglia et Benoît Cassard.
Un parcours de reconnaissance et de compréhension de l’autre
C’est avant tout l’histoire d’une libération inenvisageable que Juliane Stern imagine en laissant ces personnages se livrer l’un à l’autre, laissant s’échapper çà et là de quoi constituer deux fortes personnalités. Benoît Cassard, pour tenir le rôle des personnages annexes de l’histoire, passe habilement d’un ton à l’autre, d’un accent à l’autre, imposant une corporalité multiple, se glissant tantôt dans la peau du mari explorateur, tantôt dans celle de l’intendant zélé. Elsie Mencaraglia tiendra tout au long de la pièce une précision de jeu qui captive, jouant la plus grande appréhension aussi bien qu’une grande détermination. Lorsqu’un tribunal doit décider de son sort, le poids de l’existence brille dans son regard. Convaincue d’être maitresse du reste de sa vie, Bakhita est « libre ». Mais malgré l’interdiction de l’esclavage en Italie et son abolition en cours partout ailleurs, la place des personnes racisées dans la société de cette époque reste à la marge, et on ne peut que douter d’une véritable fin émancipatrice. Le récit du parcours de Bakhita n’en reste pas moins essentiel, et sa mise en scène, d’une douceur absolue.
Louise Chevillard
à 11h30, relâche le 15. Tel 04 84 51 07 00. Durée 1h15
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