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Avignon / 2022 - Entretien / Aurore Fattier
La metteuse en scène Aurore Fattier dirige Claire Bodson, Koen De Sutter, Leila Chaarani et Khadim Fall dans Qui a peur. Comédie qui plonge au cœur du milieu théâtral, la pièce de l’auteur belge néerlandophone Tom Lanoye porte un regard sans concession sur les dérives de nos sociétés contemporaines.
Qui sont Claire et Koen, les deux personnages au centre de Qui a peur ?
Aurore Fattier : Ce sont des personnages de fiction directement inspirés des comédiens qui les jouent. Koen a eu son heure de gloire en tant que metteur en scène dans les années 1990/2000. Il a contribué à ce qu’on appelle la vague flamande. Claire a été une comédienne reconnue à la même époque, même si le concept de reconnaissance des artistes n’existe pas vraiment en Belgique, étant donné que, politiquement, ils ne pèsent pas grand-chose. Claire et Koen ont une entreprise familiale dans le spectacle vivant. Ils sont en couple depuis mille ans, avec toutes les beautés et les horreurs que cela génère. Tous deux sont désespérément passionnés de théâtre et esclaves de leur art, comme dans certaines pièces de Thomas Bernhard. Aujourd’hui, ils vivent misérablement.
Qu’est-ce qui vous inspire le plus dans l’écriture de Tom Lanoye ?
A.F. : Ce qui m’a frappé dans Qui a peur, bien qu’il s’agisse d’un pastiche de Qui a peur de Virginia Woolf d’Albee, c’est la dimension potentiellement documentaire de l’écriture, ainsi que sa dimension polémique, polyphonique, populaire. Tom Lanoye nous parle du milieu théâtral, mais aussi de rapports entre les générations, de crise sociale, d’absence de reconnaissance pour des vies dédiées à leur travail. Une des choses qui me plaît le plus est la façon dont cette pièce s’attache à dire, par le jeu et le mensonge, la vérité sur notre milieu artistique. Dans Qui a peur, une langue brutale et crue surgit, une langue qui creuse et fait apparaître la béance des failles des êtres. Il y a un humour fou, aussi, ce qui est une façon de rendre l’existence supportable.
De quelle façon vous emparez-vous de ce texte ?
A.F. : Nous avons été au plus proche de l’intimité que les acteurs pouvaient entretenir avec leurs personnages. À tel point qu’ils en ont été parfois troublés. Un jour, Claire Bodson m’a dit qu’elle avait peur que les gens la confondent avec son personnage. Nous avons cherché les endroits de frottements. Un vrai travail d’Actors Studio.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
à 19h. Relâche les 5, 12 et 19 juillet. Tél : 04 90 14 07 99.
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