« Cosmos », une collaboration entre Maëlle Poésy et Kevin Keiss
Avec Cosmos, Maëlle Poésy et Kevin Keiss [...]
La dernière création de Jacques Vincey en tant que directeur du CDN de Tours est d’une beauté époustouflante. La pièce de Heiner Müller autopsie les liens sulfureux qui unissent le désir à la mort dans un jeu de masques flamboyant. Deux interprètes éblouissants, Hélène Alexandridis et Stanislas Nordey, portent les fulgurances de cette joute érotique à la vie à la mort. Sublime !
Quartett n’est pas une simple réécriture des Liaisons dangereuses. Comme Heiner Müller le dit lui-même, « les jouets de Laclos sont cassés ». Le couple de libertins mythique formé par La Marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont, monstres de lucidité, gagne en sauvagerie. Leurs joutes verbales, débarrassées des clichés et des refoulements comme de toute préciosité au profit d’une langue crue où l’obscène le dispute au spirituel, exhibent férocement ce qui devrait être tu. Les protagonistes se poussent l’un l’autre dans leurs derniers retranchements jusqu’à ce que mort s’ensuive. « Ils jouent et jouent à jouer. Ils incarnent les marionnettes qu’ils ont eux-mêmes construites. Ils les manipulent et se prennent à leur propre jeu » note Jacques Vincey, dont la formidable intelligence du texte éclaire magistralement ce carrousel de quatre personnages pour deux interprètes. Un véritable labyrinthe d’intrigues érotiques vient redoubler le jeu de miroir passionnel égotique.
Un splendide souci esthétique
À cette grande maîtrise de l’intrigue dans toute sa fébrile complexité, il faut ajouter celle du rythme hypnotique imprimé à la pièce par le metteur en scène dont témoignent, en particulier, la cadence mesurée du déplacement des acteurs comme le caractère étudié du moindre de leur mouvement. Merteuil et Valmont prennent la pose. Et chaque scène fait tableau. Tout est pensé pour favoriser l’entente de cette joute verbale, aux accents métaphysiques, mêlant la perversion à la persuasion, entre ces deux êtres qui rejoue la guerre des sexes et dont l’érotisme est le terrain subversif de prédilection. Les incarnations d’Hélène Alexandridis (Merteuil) et de Stanislas Nordey (Valmont) sont sensationnelles. Leur interprétation incandescente, fidèle à la lettre du texte, d’une précision extrême, libère la moindre nuance émotionnelle. Splendidement costumés et perruqués façon grand siècle (Cécile Kretschmar), accompagnés au plateau par le compositeur et guitariste Alexandre Meyer, les acteurs évoluent dans un espace scénique sublimé par Mathieu Lorry-Dupuy, manifestement inspiré par les mots de l’auteur : « un salon d’avant la Révolution Française, Un bunker d’après la troisième guerre mondiale ». La grande beauté plastique du spectacle s’enrichit également de la présence de Dominique Bruguière à la création lumières.
Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens
Les mardis, mercredis, vendredis à 20h, les jeudis à 19h, les samedis à 15h. Durée : 1h15. Tél : 02 47 64 50 50.Également le 12 octobre 2023, Equinoxe, Scène Nationale de Châteauroux, le 17 octobre 2023, Le Gallia Théâtre (Saintes), le 22 Février 2024, La Halle aux Grains, Scène Nationale de Blois, du 5 au 8 mars 2024, Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine, le 12 avril 2024, MA Scène Nationale, Pays de Montbéliard, les 16 et 17 avril, Comédie de Colmar – CDN Grand Est Alsace, du 15 au 17 mai, Maison de la Culture de Bourges – Scène Nationale.
Avec Cosmos, Maëlle Poésy et Kevin Keiss [...]
Une grande pièce de jonglage à la Biennale de [...]
Les Dramaticules partent à la recherche du [...]