En attendant Godot
Comme l’année dernière, la compagnie Toby or [...]
Vincent Dussart met en scène l’excellente pièce d’Alexandra Badea sur les rouages et les ravages intimes de la mondialisation, dans un dispositif qui place le public au cœur de l’emprise tragique.
Cette boîte mystérieuse dont l’opératrice de fabrication de Shangaï assemble les pièces, que l’ingénieure d’études et développement de Bucarest perfectionne, dont le superviseur de plateau de Dakar assure la maintenance et dont le responsable Assurance-Qualité de Lyon coordonne la production, est une arme de mort, même si d’aucuns l’appellent Livebox. On a tendance à oublier, quand on les utilise, que tous les gadgets supposés renforcer le lien entre les individus sont fabriqués à moindre coût et sont le résultat d’un carnage existentiel qui vide le travail de son sens, en en parcellisant les étapes de fabrication et en les répartissant sur l’ensemble de la planète.
Le spectateur en témoin responsable
Vincent Dussart choisit une scénographie quadrifrontale : les deux praticables disposés en croix transforment le spectateur en collègue de l’ouvrière chinoise, du téléconseiller sénégalais, de l’ingénieure roumaine et en membres de la famille du responsable français. Difficile de s’exonérer alors de la responsabilité commune ! Mais le propos de Vincent Dussart n’est pas accusateur : sa mise en scène choisit aussi d’offrir au spectateur le moyen de penser les conditions d’une résistance commune à l’emprise numérique, la proximité avec les acteurs renforçant l’empathie et la compréhension des enjeux de civilisation dont Alexandra Badea évalue si finement la gravité.
Catherine Robert
à 16h40. Relâche le Lundi. Tél. : 04 32 74 18 54.
Comme l’année dernière, la compagnie Toby or [...]