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Avignon / 2013 - Entretien Ascanio Celestini
David Murgia interprète Discours à la nation, d’Ascanio Celestini : un théâtre en lutte qui fait parler les dominants avec autant de drôlerie que de caustique lucidité, afin de réveiller les opprimés.
Discours à la nation : pourquoi ce titre ? De quelle nation s’agit-il ?
Ascanio Celestini : Je raconte l’histoire d’un pays métaphorique, où il y a une guerre civile. Un conflit auquel tout le monde est habitué, comme si la guerre était vraiment la continuation de la politique par d’autres moyens, comme le disait Clausewitz. Les citoyens de cette nation attendent la fin de la guerre comme on attend la fin de la pluie, comme quelque chose d’absolument naturel. Entre pluie et guerre, on aperçoit les citoyens, mais aussi les futurs tyrans qui veulent le pouvoir pour rétablir la dictature. Pour obtenir le consensus, ils doivent sortir, se montrer à la fenêtre et parler au peuple. Leur instrument est le discours.
En choisissant de faire ainsi parler les puissants, que dites-vous à ceux qu’ils exploitent ?
A. C. : Le puissant veut convaincre le peuple d’accepter la loi du gros poisson qui mange les petits. Les petits poissons peuvent devenir parasites du grand poisson, manger le reste de ses repas, et, en échange, épouiller sa nageoire.
Dans quelle mesure votre théâtre est-il une forme d’action politique ?
A. C. : Le théâtre est politique parce qu’il est un acte public. Tout le théâtre est politique. Dans mon cas, j’observe les contradictions de la langue pour ouvrir des points de vue différents de ceux auxquels la vie quotidienne nous a habitués. Dans la langue des media, et surtout dans la manière dont ils sont utilisés par la politique, ces contradictions sont plus fascinantes encore.
Vous confiez le texte que vous avez écrit à David Murgia. Pourquoi ?
A. C. : Ce n’est pas un texte que j’ai confié à David Murgia, mais plutôt un texte qui est né avec lui, avec sa gestualité et sa façon de gérer la parole. En Italie c’est moi le comédien de ce spectacle, mais avec un comédien différent, le texte a pris une route différente.
Propos recueillis par Catherine Robert (traduction de Paolo Gorietti)
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