Ici s’écrit le titre de la pièce qui nous parle d’Ante
Le jeune metteur en scène belge Jérôme Nayer [...]
Tropismes et logodrame : Nathalie Sarraute théâtralise l’indéfinissable qui mine le langage et dynamite les relations humaines. Jean-Marie Russo met en scène cette dissection salvatrice.
Deux hommes : H1 et H2. Ils sont amis. Mais H1 trouve H2 de plus en plus distant et lui en fait grief. Aux reproches de l’un répond la maladresse de l’autre. Le langage se fait labyrinthe ou tourniquet, les rancœurs enfouies ressurgissent, les blessures se ravivent, et l’amitié part en vrille pour presque rien, pour un malentendu, à peine un mot, une intonation incontrôlée et interprétée comme une blessure. Tels sont les effets des tropismes, que Nathalie Sarraute définit ainsi dans Le Gant retourné : « des mouvements intérieurs ténus, qui glissent très rapidement au seuil de notre conscience, (…) des mouvements précis, des petits drames qui se développent suivant un certain rythme, un mécanisme minutieusement agencé où tous les rouages s’emboîtent les uns dans les autres ».
Un combat sans raison ni merci
Pour un oui ou pour un non ausculte dramaturgiquement les effets maléfiques de cet indicible qui détourne le sens et trahit l’intention. Son écriture est comme « un bistouri salvateur », selon l’expression de Jean-Marie Russo. Par « un travail épuré et une quête de l’essentiel où le jeu de l’acteur reste central », le metteur en scène s’empare du texte en compagnie de Paddy Sherlock. Habillés de manière neutre et identique, comme des cobayes d’une théorie de linguistique générale ou les pantins d’un logodrame épuré de toute psychologie, les deux comédiens embarquent dans ce « manège infernal » qui fait réfléchir autant qu’il fait rire.
Catherine Robert
Le jeune metteur en scène belge Jérôme Nayer [...]