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Le metteur en scène Christophe Hatey, lié de manière singulière à cette œuvre et à son auteur Joël Pommerat, allié à la comédienne, conteuse et metteuse en scène Florence Marschal, invite à une émouvante redécouverte de Pôles, l’une des pièces maîtresses du répertoire contemporain.
Cette création est touchante à tous égards. À commencer par l’histoire de sa venue sur les planches, du ressort de celles qu’on aime à raconter sur les coulisses de la fabrique théâtrale. A son origine, il y a plus de vingt ans, « une représentation bouleversante qui fut un choc théâtral » pour le comédien et metteur en scène, Christophe Hatey, quand, en tant que spectateur, il découvre Pôles montée pour la première fois, au théâtre de la Main d’Or, par son auteur Joël Pommerat. La représentation provoque une rencontre qui conduira Christophe Hatey à incarner, sous la direction de Joël Pommerat, dans deux mises en scène différentes à quatre années d’écart, deux personnages de cette pièce aussi complexe que poignante. Aux confins du réel et de l’imaginaire, de la raison et de la folie, autour d’une improbable rencontre et sur fond de matricide, la fable met en scène des êtres empêchés, pathétiques et drolatiques, naïvement en quête du sens perdu de la vie. Ou simplement définitivement perdus.
Une mise en scène charnelle
Cette sorte de thriller existentialiste très abouti entrelace dans l’assortiment de ses polarités anxieuses de multiples fils rouges jouant sur une large gamme émotionnelle aux nuances subtiles. Son appréhension par Christophe Hatey manifeste sa connaissance intime de l’œuvre. La fascination qu’elle a exercée sur lui, motif inaugural de cette recréation portée par « une volonté de partager avec le public » ce qui a été vécu au moment de la découverte de Pôles, est également très sensible. En s’alliant avec Florence Marschal pour la mettre en scène, il tient en respect l’écueil – le vertige ? – d’un « vouloir faire comme » tout en préservant ce que la pièce requiert. Un décor épuré, suggestif de l’atmosphère étouffante et étriquée dans laquelle évoluent les personnages. Une sobriété des effets concentrés sur les jeux de lumières qui, en donnant le tempo, éclairent de fréquents et brutaux allers-retours dans le temps, difficiles à maîtriser. Une direction de jeu tendue par le désir de faire entendre toutes les variations tonales et langagières de ces personnages d’écorchés vifs, soutenue par des comédiens très engagés. Et, par là même, capables de leur donner chair, à fleur de peau. De toucher au cœur.
Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens
Du jeudi au samedi à 21h, les dimanches à 16h30. Durée :1h30. Tél : 01 0148083974.
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