Par la mer (Quitte à être noyées) : un « conte populaire et poétique » d’Anaïs Allais Benbouali

« Par la mer (Quitte à être noyées)* présente trois femmes entre deux eaux, à un point de bascule de leur vie, dans une espèce de sas entre la fin d’une chose et le début d’une autre dont elles ne savent rien. Houda vient de perdre sa mère. Max a quitté son travail. Assia a fui son pays en traversant la mer. Elles se retrouvent par hasard au même endroit, au même moment, doivent cohabiter, le temps d’un orage, dans une maison qui prend l’eau. Persuadées que leurs vies sont minuscules, elles vont pourtant atteindre, ensemble, une certaine grandeur. La structure du texte est construite par vagues. Chaque vague ramène les personnages sur une rive. Elles sont révélées par la mer. Le pouvoir de cette étendue d’eau, profondément cathartique, permet le ressourcement, mais fait aussi remonter les choses à la surface. Les paroles de ces femmes, venant de la mer, se révèlent, s’entrechoquent, pour retourner à la mer.

Un besoin de consolation

Au début d’un projet, je n’ai jamais d’intentions. Je redouble d’attention à ce qui m’entoure, comme si je cherchais des indices. Je suis très attentive à ce qui se présente à moi, à ce qui semble s’inviter dans mes questionnements et, donc, dans mon écriture. Le point de départ est souvent un évènement, intime ou collectif, qui a besoin d’être, d’une façon ou d’une autre, consolé. Mon écriture s’ancre dans l’ultra-quotidien, mais est ponctuée d’incursions poétiques. J’aime brouiller ces frontières. Le dialogue entre le texte et le plateau se fait très tôt, l’un grandit au contact de l’autre. Le spectacle en est la douce rencontre. C’est tout de même le texte qui donne la première note, la première couleur. Le théâtre auquel j’aspire est un théâtre populaire. Il est important pour moi de faire en sorte que le théâtre ne soit pas un lieu d’entre-soi, un lieu codé, mais un refuge pour tout le monde. »

Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat

* Texte à paraître aux Editions Koïnè.