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Avec Daddy, Marion Siéfert poursuit son exploration de l’adolescence, de ses difficultés, de ses rêves et révoltes. Elle met ici en scène une jeune fille de 13 ans dans une réalité numérique, en prise avec un homme plus âgé qui abuse d’elle.
L’adolescence, dans vos pièces, se vit souvent autant dans le réel que dans le virtuel. _jeanne_dark_ (2020), par exemple, se déroule simultanément sur scène et sur Instagram. Pourquoi avoir choisi pour cadre de Daddy l’espace du jeu vidéo ?
Marion Siéfert : Pour avoir beaucoup travaillé sur l’enfance et l’adolescence, je me suis souvent trouvée confrontée à des récits d’abus, de pédophilie. J’ai voulu traiter ce sujet, et ai donc commencé par récolter des témoignages d’autant plus forts qu’ils n’avaient la plupart du temps jamais été livrés à personne auparavant. La question de la représentation s’est posée d’emblée. Et très vite aussi, j’ai su que je ne pouvais pas donner à voir les violences vécues : pour les acteurs comme pour les spectateurs, cela aurait été insupportable, pornographique. J’ai alors pensé à faire du plateau l’espace du jeu vidéo.
Qui sont les protagonistes de ce jeu, et quelle est la violence qui s’y déploie ?
M.S. : Le personnage central est Mara, 13 ans, qui fuit dans les jeux vidéo, les role plays, sa vie en province au sein d’une famille dont les problèmes d’argent l’étouffent. Un jour, l’avatar qu’elle s’est créé rencontre celui d’un homme plus âgé qui l’entraîne vers un autre jeu, Daddy, où l’on investit sur de jeunes talents. Peu à peu, Mara tombe sous l’emprise de l’homme.
Quelle théâtralité avez-vous imaginée pour donner à voir au plateau un monde virtuel ?
M.S. : Le potentiel théâtral du jeu vidéo m’a passionnée. Il a déterminé mon choix d’en faire le cadre principal de mon spectacle. Si celui-ci commence dans la famille de Mara, on bascule en effet assez vite dans l’espace du jeu vidéo, qui me permet une grande liberté dans le passage d’un registre, d’une langue à l’autre. Daddy est ainsi une pièce tout en ruptures. Si sa tonalité principale est tragique, elle accueille du grotesque, de la comédie.
En termes de nombre de comédiens et de durée, Daddy est à ce jour votre pièce la plus vaste. Cela a-t-il nécessité un processus de création particulier ?
M.S. : Mon collaborateur artistique de longue date, Matthieu Bareyre, co-signe cette fois le texte avec moi. Je poursuis aussi mon travail avec la scénographe Nadia Lauro, la créatrice lumière Manon Lauriol ou encore le créateur vidéo Antoine Briot. Ces appuis, ces fidélités sont très précieuses. Quant aux comédiens, je les ai rencontrés sur une longue période de casting, qui s’est déroulée en parallèle de l’écriture. Je voulais rassembler des acteurs d’horizons et de personnalités diverses, capables de porter les différentes théâtralités de la pièce.
Propos recueillis par Anaïs Heluin
du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h. Tel : 01 44 85 40 40. www.theatre-odeon.eu
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