La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Paddy Hayter

Paddy Hayter - Critique sortie Théâtre
Paddy Hayter

Publié le 10 janvier 2008

L’esprit du Footsbarn : Ténacité et passion

Paddy Hayter est directeur artistique du Footsbarn Theatre. Cette troupe itinérante mythique, née dans les années 70, s’installe à la Cartoucherie pour un mois avec deux spectacles.

Pouvez-vous rappeler l’histoire du Footsbarn ?
 
Paddy Hayter : C’est dans les années 1970 que le groupe, né de la rencontre entre Oliver Foot et Jean-Paul Cook, s’est lancé. Dès l’origine, la compagnie a fait le rêve d’un théâtre nouveau, accessible, populaire et festif, allant là où le théâtre n’allait pas, dans les villages, les salles des fêtes, les bars, sur les plages, avec toujours ce besoin de rencontres. En 1975, on a acheté un premier chapiteau : peu d’artistes travaillaient comme ça à l’époque. Le chapiteau est notre espace, notre arène, un lieu de magie, un peu comme notre temple ! Voilà un quart de siècle qu’on voyage sous chapiteau. En 1984, nous avons quitté l’Angleterre pour des années de nomadisme avec des énormes tournées. Et en 1991, alors que nous avions découvert le village de Hérisson grâce à Olivier Perrier, codirecteur des Fédérés à Montluçon, nous avons décidé de nous y installer sans renoncer au voyage. Nous sommes devenus anglo-bourbonnais dans cet endroit magnifique où nous répétons, fabriquons costumes, masques et accessoires, organisons des stages d’été et avons le projet de créer une école en 2010 pour former des artistes capables de créer leurs propres projets et leur transmettre la passion qui a permis au Footsbarn de survivre en créant les conditions de son art.
 
« Le chapiteau est notre espace, notre arène, un lieu de magie, un peu comme notre temple ! »
 
Vous venez à la Cartoucherie avec Hugo et Shakespeare.
 
P. D. : L’Homme qui rit est notre dernière création. C’est une histoire que nous avions envie de raconter depuis des années, une histoire absolument magnifique qui commence dans les Cornouailles, une histoire de gens itinérants, sans papiers, un peu exclus. C’est un texte à la fois cosmique, politique et humain. De Shakespeare, nous reprenons Le Songe d’une nuit d’été que nous avions créé il y a dix-sept ans et que nous avons rejoué avec notre nouvelle équipe cet été, en Espagne et au Portugal. Nous avons joué la pièce en anglais. Même si le texte est fondamental dans la mesure où sa matière amène l’acteur dans la situation de jeu, ce qui est formidable, c’est que les gens comprennent la pièce même si elle n’est pas jouée dans leur langue. Quand l’histoire est racontée par les images, les situations, dès que la situation dramatique est claire, la force du théâtre dépasse tout.
 
C’est bien cette force-là qui est celle de votre troupe.
 
P. D. : Nous considérons le théâtre sous tous ses aspects. Nous utilisons beaucoup les masques, les costumes, les couleurs ; nous jouons dans le public et autour de lui ; nous faisons de la musique en direct ; on danse, on chante, on bouge, on fait des acrobaties… Le but est de stimuler l’imaginaire avec un bout de ficelle parfois, un bout de costume… C’est ça qui fait notre force. Les gens le reconnaissent d’ailleurs puisqu’ils parlent toujours de l’équipe, du style du Footsbarn et pas des gens qui composent la troupe.


Propos recueillis / Murielle Piquart
Le bonheur de la rencontre avec le Footsbarn
 
Murielle Piquart arpente la scène depuis 1985 sous la direction des plus grands. En 2003, le hasard des rencontres lui a fait croiser la route du Footsbarn. Elle est depuis de ces pérégrins passionnés.
 
« Je suis très heureuse de faire partie de cette troupe. Partir, aller à la rencontre du public, c’est retrouver le rêve de la route qu’on a tous au début où on fait du théâtre et qu’on abandonne souvent. Au Footsbarn, chacun amène son univers et le développe. C’est ainsi que j’ai pu réaliser mon rêve d’exprimer des émotions grâce au violoncelle, instrument que j’ai découvert très tard. Le Footsbarn est comme une famille, avec des gens qui viennent, partent et reviennent. En faire partie, c’est forcément faire partie du voyage, avec un engagement de chaque minute. C’est lourd parfois : ainsi, quand il faut démonter le chapiteau, on ne rêve plus ! Mais ce qui est magnifique quand on s’aperçoit que le rêve n’est pas la réalité, c’est que cet écart-là est créatif. Il y a une énergie propre à la difficulté. L’énergie, le sens de la fête, la qualité visuelle, cette rythmique presque musicale de la langue : tout cela fait la marque du Footsbarn. Chacun parle avec son corps et entretient un rapport sensuel à la langue. Or, c’est cela être acteur, comprendre comment le corps bouge dans la langue. C’est pourquoi le jeu dans une langue étrangère n’est pas un obstacle, ni pour le spectateur ni pour l’acteur pour lequel c’est au contraire l’occasion d’une liberté et d’une inventivité plus grandes. »
 
Propos recueillis par Catherine Robert


 
Le retour du Footsbarn Theatre. Du 9 janvier au 9 février 2008, sous chapiteau, à la Cartoucherie de Vincennes. L’Homme qui rit, d’après Victor Hugo, spectacle en langue française. Du 9 au 20 janvier et du 6 au 9 février. A Midsummer night’s dream, de Shakespeare, spectacle en anglais. Du 23 janvier au 3 février. Du mercredi au samedi à 20h45 ; dimanche à 17h. Cartoucherie de Vincennes, route de la Pyramide, 75012 Paris. Réservations au 08 92 70 75 07 ou au 01 43 74 20 21.

A propos de l'événement


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