Olivier Cruveiller adapte et met en scène Nagasaki d’Eric Faye
Théâtre de l’Epée de Bois / d’après le roman d’Eric Faye / adaptation et mise en scène d’Olivier Cruveiller / musique de Laurent Valero
Publié le 17 décembre 2022 - N° 306
Olivier Cruveiller adapte et met en scène le roman d’Eric Faye, couronné par le grand prix de l’Académie Française en 2010. L’histoire d’une rencontre ratée autour d’une gorgée de thé volée…
Monsieur Shimura sait précisément ce qu’il mange et ce qu’il boit ; sa méticulosité et son sens aigu de l’organisation le mettent à l’abri de toutes les surprises de la démesure. Jusqu’au jour où il s’aperçoit que la nourriture disparaît de son réfrigérateur en son absence. Il installe alors discrètement une webcam dans sa cuisine et s’aperçoit qu’une femme y boit le thé quand il est au travail. Il appelle la police ; l’intruse est arrêtée et jugée. Le coucou s’était fait un nid douillet dans le placard à futons depuis plus d’un an, et grignotait les provisions de Monsieur Shimura à son insu. Devenue sans abri, elle s’était réfugiée dans la maison de son enfance, désormais occupée par un autre. La présence de ce fantôme discret est semblable aux ombres des victimes de la bombe lancée par les Américains en 1945, dit Olivier Cruveiller, qui adapte le récit à la scène : « l’image furtive et dramatique d’une vie ».
Beauté évanescente des regrets
« Les protagonistes de Nagasaki traversent leurs vies modestes sans aspérité et ne laisseront aucune empreinte derrière eux (…) mais cette absence, ce vide, ce rien, finalement, emplit l’espace de rencontres ratées, de drames de l’existence, de virages mal négociés, de regards donnés au mauvais moment, de phrases ou de gestes maladroits. », ajoute le metteur en scène, qui construit, autour de ce vide, le récit d’un rendez-vous manqué. Les trois comédiens (Nina Cruveiller, Natalie Akoun et Olivier Cruveiller), accompagnés au violon et au bandonéon par Laurent Valero, dessinent avec délicatesse et élégance les contours de ce monde flottant, organisé, comme dans les estampes d’Hokusai, autour du vide métaphysique qui aspire les choses et les êtres, révélant à la fois leur plénitude, leur beauté mais aussi leur vanité et leur infinie fragilité.
Catherine Robert
A propos de l'événement
Nagasakidu jeudi 5 janvier 2023 au dimanche 15 janvier 2023
Théâtre de l'Epée de bois
La Cartoucherie, route du Champ de Manœuvre, 75012 Paris
Du jeudi au samedi à 21h ; samedi et dimanche à 16h30. Tél. : 01 48 08 39 74.