La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2009 - Agenda Texte auteur vivant

Occident

Occident - Critique sortie Avignon / 2009

Publié le 10 juillet 2009

François Bergoin orchestre le combat cru et désespéré de deux êtres vides de désir, comme un symptôme de notre époque contemporaine.

Une dispute conjugale violente et irrémédiable, qui chaque soir recommence lorsqu’il rentre d’une virée alcoolisée avec Mohamed, et la retrouve à la maison. Lui et Elle, Elle et Lui, couple en plein désarroi, où le désir de l’autre et le désir de futur se sont définitivement dilués et noyés. Ils s’aiment peut-être toujours mais une autodestruction permanente empoisonne leur relation, entre insultes et humiliations. La langue crue de Rémi de Vos dit l’ivresse d’un combat sans issue où l’on crie sa tristesse et son sentiment du vide. L’enjeu de la mise en scène et de l’interprétation consiste ici à dépasser le stade de l’invective pour raconter autre chose, pour parvenir à un endroit qui clame avec virulence et pertinence, mais aussi avec un certain sens comique, la vacuité d’un monde et d’une condition humaine contemporaine contaminée par des valeurs où l’artifice, le culte de l’apparence et la violence jouent un rôle fondamental. Un enjeu difficile à mettre en œuvre, que François Bergoin met en lumière avant même la prise de parole à travers quelques projections vidéo – d’un dessin animé où de mignons personnages flinguent leurs congénères à la prestation sous les projecteurs d’une blonde plantureuse – et à travers une scénographie qui montre toute l’étendue symptomatique du malaise occidental. Sur les murs les graphiques d’un électrocardiogramme, signes de vie, fragiles, éphémères. L’espace de la scène se réduit à un cocon lisse et factice, signifiant l’enfermement et l’absence de toute bouée de sauvetage. Pas de repère affectif ici, mais un sol mou d’un confort inutile, comme un ring post-moderne, des murs vides et un plafond bas. Les deux interprètes, François Bergoin et Catherine Graziani, visent à laisser voir une infinie détresse, à mettre en œuvre un rituel mortifère, d’un humour glaçant, où l’intime n’offre aucune solution aux maux sociaux.

Agnès Santi

Occident de Rémi de Vos, mise en scène François Bergoin, du 8 au 28 juillet à 16h05, relâche le 20, à la Manufacture, 2 rue des Ecoles. Tél: 04 90 85 12 71.

A propos de l'événement


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