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Comme le dit la chanson, on n’a pas tous les [...]
Le metteur en scène Hubert Colas, dont on connaît le goût pour les écritures contemporaines, donne à entendre deux textes, a priori non conçus pour la scène, de l’écrivain contemporain Mathieu Riboulet. Et c’est une vraie réussite.
Composition originale, la pièce tient son titre de l’une des deux œuvres qu’elle met en scène en les enchaînant, donnant ainsi à entendre dans la foulée de Nous campons sur les rives, Dimanche à Cologne extrait de Lisières des corps. Rassembler ces deux textes de sources d’inspiration disparates, le premier étant le fruit d’une allocution commandée, le second relevant du récit autofictionnel, est une riche idée. Cette correspondance entre les deux éclaire sensiblement l’une des tensions propre à l’écriture aux multiples facettes de Mathieu Riboulet : dire où nous nous situons, nomades temporels naviguant entre les rives de l’ici et de l’ailleurs, vivants pourtant requis à être là « où notre présence fait advenir le monde », ici et maintenant. « En traversant cette écriture, en reprenant ces textes pour les donner à entendre », explique le metteur en scène Hubert Colas, « ce qui me semble essentiel c’est de « réacclimater » notre rapport à l’intime face à une société extrêmement bruyante et parasitaire où chaque instant notre attention est l’objet de toutes sortes de sollicitations. Avec ce spectacle, il s’agit au contraire de reposer le corps et l’esprit dans un temps qui est celui d’une descente en nous-mêmes ».
Une immersion poétique
Tout favorise la mise en jeu de cette intériorité qui n’a rien d’une descente aux enfers. A commencer par le jeu des acteurs dont il faut saluer la performance sans tapage, tout entière au service de l’élan sincère et des fulgurances poétiques du texte. Invitation à la méditation, situation heureuse donnée d’emblée « dans la lumière, le vent, les pierres, le sable, les odeurs d’ici », la première partie à laquelle Frédéric Leidgens prête sa voix vibrante éclaire en profondeur toute la portée de la réflexion à l’œuvre. Vagabondage érotique joyeux, entre fantasme et réalité, rêveries et souvenirs, la seconde partie « à cette heure où le corps débordé prend le pas », est parfaitement tenue par l’ardent Thierry Raynaud. Il faut dire que la mise en scène frontale et sans ambiguïté, la scénographie dont les effets sont réservés à la profondeur de champ, toutes deux pensées par Hubert Colas pour focaliser sur les acteurs, regardés comme « des écrivains sonores », fonctionnent à la manière du révélateur propre aux chambres noires.
Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens
Les jeudis, vendredis et le samedi 8 février à 20h, Le samedi 25 janvier et les dimanches à 18h. Tél : 01 46 14 70 00. Durée : 1h10.
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