La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Le Banquet de Mathilda May

Le Banquet de Mathilda May - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de Paris
La troupe du Banquet au complet. Crédit : Giovanni Cittadini Cesi

écriture et mes Mathilda May

Publié le 22 janvier 2020 - N° 284

Spectacle clownesque dont onomatopées et gestes constituent le seul langage, Le Banquet, couronné par le Molière 2019 de la mise en scène attribué à Mathilda May, reprend du service au Théâtre de Paris après sa création au Rond-Point.

Une dose d’absurde, une pincée de décalé et une maîtrise technique parfaite : les artistes réunis par Mathilda May ne parlent pas, mais parviennent à se faire aisément comprendre, grâce à l’inventivité de leur jeu et de leurs trouvailles créatives, en un savant dosage entre clown traditionnel, commedia dell’arte et esthétique du désastre. Sébastien Almar, Anna Mihalcea, Bernie Collins, Jérémie Covillault, Lee Delong, Stéphanie Djoudi-Guiraudon, Arnaud Maillard, Françoise Miquelis, Brigitte Faure, Tristan Robin et Ariane Mourier (Molière de la révélation féminine) s’en donnent à cœur joie et dansent allègrement sur le volcan qui va les engloutir ! L’argument est simple et prête d’autant mieux à sourire que chacun y reconnaîtra aisément ses propres souvenirs : pas de cadre plus favorable au fou rire qu’un enterrement, pas de meilleur terreau du drame qu’un mariage !

La catastrophe au bras du rire

Mathilda May réunit en une seule cérémonie toutes les catastrophes imaginables : robe de la mariée tâchée par la mousse au chocolat indigeste et le vomi des convives, nourrisson régurgitant sur son épaule, chien écrasé sous ses fesses, discours soporifiques et baisers échangés hors des stricts cadres de la bienséance ou de la légitimité maritale… Les convives titubent et s’étalent allègrement entre les tables, les belles-mères sont adeptes du strip-tease ou du cannabis, les cousines et les sœurs sont plus farfelues les unes que les autres, les invités sont gaillardement déjantés et la soubrette est hallucinée et survoltée. Le cadre dans lequel évolue cette collection de doux dingues est particulièrement propice à la glissade et si les gosiers sont en pente, le plancher l’est aussi : tout est organisé de manière à accueillir le tourbillon trépidant qui transforme la fête en carnage. La bande sonore imaginée par Guillaume Duguet, particulièrement inventive, soutient très efficacement les pirouettes et les pitreries des convives de cette fête délirante qui égratigne les conventions sociales en épargnant ce qui compte évidemment le plus et qui est sauvé in extremis : l’amour, qui survit dans les ruines du massacre à l’occasion d’un joli final romantique.

Catherine Robert

A propos de l'événement

Le Banquet de Mathilda May
du mardi 14 janvier 2020 au jeudi 19 mars 2020
Théâtre de Paris
15, rue Blanche, 75009 Paris

Du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 15h30. Tél. : 01 48 74 25 37. Durée : 1h25.

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