Nocturne #2

La fragilité dans la vigueur, l’inconnu dans la virtuosité : c’est ce que les jeunes circassiens Alexandre Fournier et Matias Pilet ont découvert en travaillant avec Fabrice Champion, trapéziste paralysé suite à un accident. Après la disparition de ce dernier, ils ont poursuivi les répétitions du spectacle qu’ils concevaient avec lui. Avec la complicité du chorégraphe Radhouane El Meddeb, ils bouleversent le vocabulaire acrobatique, rendant hommage à la capacité qu’a l’être humain de se réinventer. Une interrogation qui résonne à merveille avec (Des)incarnat(s) de Bernardo Montet, partageant le plateau avec le comédien Jean-Claude Pouliquen, qui présente un handicap mental : de leur duo jaillit une force insoupçonnée. Des deux artistes, peut-on dire que l’un est « empêché » ? Avec cette programmation engagée, le théâtre Louis-Aragon nous rappelle que la danse est l’art des corps qui rejouent la contrainte, moteur d’une créativité toujours renouvelée.

Marie Chavanieux