Hansel et Gretel
Spécialiste de l'adaptation de contes en [...]
Dieudonné Niangouna crée le dernier volet d’une foisonnante trilogie consacrée à la guerre et aux relations Nord-Sud. Après Le Socle des Vertiges et Shéda, créé au Festival d’Avignon en 2013, Nkenguegi est une brillante traversée d’un monde en morceaux.
Depuis la création de sa compagnie Les Bruits de la Rue en 1997, Dieudonné Niangouna déploie une poétique de l’excès et de la résistance. Un théâtre aussi insolent que les obus des guerres du Congo. Initiée en 2011 avec Le Socle des Vertiges et achevée avec Nkenguegi, sa trilogie en est le cœur palpitant. Aussi fragmentaire et démesuré que les précédents, son dernier volet compte pas moins d’une douzaine d’histoires interprétées par deux musiciens et onze comédiens, parmi lesquels Dieudonné Niangouna lui-même, dont le jeu est le prolongement de l’écriture. Entre un appartement bourgeois du XVIème arrondissement parisien et le pont du Djoué au Congo, sans oublier la mer où un dénommé Erdoninus Amandeüs n’en finit pas de se perdre, Nkenguegi est la chronique d’un monde en plein naufrage.
Naufrages en série
Devant une reproduction du Radeau de la Méduse de Géricault, le personnage à la dégaine christique ouvre une folle succession de tragédies non dénuées de comique. Élément de décor principal du spectacle, son embarcation de fortune laisse par exemple régulièrement place à un autre protagoniste qui a lui aussi bien connu la Méditerranée : Forthina Ondeminus Barbatoutous, engagé depuis plus de deux ans dans la création d’une version théâtrale du fameux tableau avec une troupe de comédiens semi-professionnels. Ce n’est là qu’une des quatre mises en abyme de Nkenguegi, où le théâtre est présenté comme l’un des derniers lieux habitables. Un des derniers refuges de la pensée, à condition d’y mettre toutes ses tripes. Dieudonné Niangouna et ses compagnons de galère s’y emploient avec talent, en de multiples allers-retours géographiques et temporels.
Anaïs Heluin
Nkenguegi, jusqu'au 26 novembre 2016 au Théâtre Gérard Philippe, 59 boulevard Jules Guesdes, 93200 Saint-Denis. Du lundi au samedi à 20h, le dimanche à 15h30. Relâche le mardi. Tel : 01 48 13 70 00. Également du 26 au 28 avril 2017 au Grand T à Nantes.