« Voice noise », une création autour de voix de femmes de Jan Martens
Jan Martens, artiste associé à la Maison de [...]
Une conférence un peu loufoque menée par un duo infaillible : telle est la recette de Mathieu Desseigne-Ravel et Michel Schweizer pour porter sur scène une réflexion autour des frontières qui contraignent les corps du monde entier… dans une liberté de pensée radicalement intacte.
Après la pièce BÂTARDS, présentée dans le cadre des Sujets à Vif du Festival d’Avignon 2017, Mathieu Desseigne-Ravel et Michel Schweizer poursuivent leur travail autour de la notion de frontière avec Nice Trip. En invitant le public à suivre une conférence absurde (au brillant pas de côté) autour du dispositif du fil barbelé, les deux artistes posent les bases d’une réflexion autour des 40 000 km de murs qui contraignent les corps et les mobilités à travers le globe, dont le but affiché est de garantir la sécurité des biens et des personnes. En faisant appel, cette fois-ci, à la jeunesse qui, comme ici depuis le public, se mobilise encore et toujours (bravo Abel Secco-Lumbroso pour sa très juste et belle performance).
Franchir les frontières par les mots
De surprises en surprises, le discours qui, au départ, entendait à célébrer le moment du rituel théâtral collectif, poursuit dans un dialogue participatif. Ce « moment incongru », principalement mené par le fantastique conteur Michel Schweizer et illustré par les acrobaties toutes aussi incongrues (elles se révéleront finalement très significatives) de Mathieu Desseigne-Ravel (qui joue aussi bien avec son corps qu’avec les mots), se passe comme une grande réunion dans laquelle le débat est sans cesse interrompu, contraignant les recherches des deux comédiens. Notre esprit critique est lui aussi sollicité en permanence, et ce qui pourrait se transformer en discours inintelligible capte sans discontinuer l’attention et la curiosité. Avec beaucoup d’humour, les comédiens tentent de soulever les barrières, de franchir les murs physiques et idéologiques, en souplesse et en adresse. Une pièce plus que jamais rassembleuse qui fait comprendre que la véritable sécurité se trouve moins dans nos espaces sociaux et politiques contraints, que dans l’humanité partagée avec nos pairs.
Louise Chevillard
Durée : 1h15
Jan Martens, artiste associé à la Maison de [...]