Christian Benedetti et Nina Renaux créent une lecture-performance à partir de New-York 2001 – poésie au galop, un texte de Christophe Fiat. Singulier. Instable. Stimulant.
L’une (Nina Renaux) dessine — faisant usage de crayons dont les divers passages sur le papier ne laissent apparaître aucun trait, aucune trace — ou bien se met à taguer, lettre après lettre, chiffre après chiffre, sur les quatre côtés de la surface blanche lui faisant face : SEPTEMBER 11 / SEPTEMBER 11 / SEPTEMBER 11 / TUESDAY. L’autre (Christian Benedetti) dit, livre en main, New York 2001 – poésie au galop, texte de Christophe Fiat qui tisse des liens entre les attaques terroristes perpétrées contre les Etats-Unis le 11 septembre 2001 et certains mythes, certaines dimensions, certaines mises en perspective de la culture hollywoodienne. Elle et lui, donc, chacun œuvrant dans la partie de l’espace scénique qui lui est réservée, l’un et l’autre ne se rejoignant dans une projection commune qu’à l’occasion d’une série de questions/réponses répétitives jaillissant du texte sur fond de musique techno. « DO YOU LOVE ME ? », « I LOVE YOU FOREVER ! ». La demande, adressée par Christian Benedetti de façon véhémente, fiévreuse, de plus en plus frénétique, appelle une réponse à l’avenant — réponse que Nina Renaux adresse au centre du plateau, immobile face à l’assistance, un micro à la main.
D’Hollywood au 11 septembre 2001
New-York 2001 est l’une de ces propositions artistiques qui gomment le cadre traditionnel de la représentation théâtrale pour se vivre comme une expérience composite et singulière. Une expérience d’écoute, de sensations, qui se compose de creux et de pleins, de fuites et de saisissements, d’étirements et de points de densité. Car la performance présentée par Christian Benedetti et Nina Renaux a quelque chose d’instable, de mouvant et d’hétérogène. Certains pans de cette lecture nous parviennent ainsi de manière très puissante, très directe, d’autres glissent vers des zones beaucoup plus diffuses de l’entendement. On entre dans le flot aventureux de New-York 2001, puis il arrive que l’on en sorte avant que de nouveau se laisser capturer par la force de ce texte faisant preuve de grandes qualités littéraires (Christophe Fiat est, avec Edward Bond et Gianina Carbunariu, l’un des trois auteurs associés au Théâtre-Studio d’Alfortville). Il faut considérer ce mouvement de bascule comme un mouvement de liberté, un mouvement de vie. Comme la pulsation spontanée et naturelle d’une lecture-performance dont les mots, comme les perceptions, n’appellent aucune forme de contrainte.
New-York 2001, de Christophe Fiat (texte publié aux Editions Al Dante) ; mise en scène de Christian Benedetti (avec la complicité de Christophe Fiat). Du 7 novembre au 12 décembre 2009, le samedi à 18h30. Reprise du 4 au 29 mai 2010. Théâtre-Studio, 16, rue Marcelin-Berthelot, 94140 Alfortville. Réservations au 01 43 76 86 56.