Lux/Glory
Le Ballet du Grand Théâtre de Genève présente [...]
Solidité, fragilité : c’est entre ces deux pôles que navigue Fabrice Lambert, tout entier à son solo. En fait, un duo qui ne dit pas son nom.
C’est une préoccupation constante chez Fabrice Lambert : comment le corps s’inscrit-il dans son environnement ? Qu’il soit fait de lumières, de projections vidéo, de sons ou d’objets, le milieu qui accueille le danseur se fait porteur de sensations et d’imaginaires. C’est le cas pour Nervures, qui montre un Fabrice Lambert aux prises avec l’installation, sur le plateau, d’un mobile de Xavier Veilhan. En ouverture, alors que l’objet reste dans la pénombre, le danseur démarre par un très beau jeu avec un tube de lumière, qu’il maîtrise pour sculpter un espace sombre et mouvant autour de son corps. Petit à petit se révèle, de l’autre côté de la scène, la présence, étrange et envoûtante, du mobile.
Présence en toute confiance
Car c’est bien de présences qu’il s’agit ici : comment habiter le plateau en duo face à ce monticule de tubes suspendus, comme sans poids, variant entre oscillation et lévitation, qui happe le regard par sa seule façon d’exister ? En bleu de travail (rouge), le danseur s’y attèle avec zèle, variant les propositions. C’est parfois un duel, parfois une rencontre, la solidité de la matière tranchant avec la légèreté de l’appareil, la physicalité du danseur avec sa fragilité à s’incarner dans le face-à-face. Ne manque qu’une chose, que le temps finira par résoudre : la confiance dans la danse. Et les voix sur la bande sonore ne sont que superflues, dans cette pièce capable de décoller par sa seule poésie. Aux Abbesses, la proposition est accompagnée de Gravité, solo de 2007 fondateur de la démarche du chorégraphe.
Nathalie Yokel
Le Ballet du Grand Théâtre de Genève présente [...]