Nelson Freire : le piano romantique

Rares sont les pianistes à nous avoir autant bouleversés. Son toucher rond et clair avait magnifié le célèbre Concerto en la mineur de Schumann il y a quelques années à la Folle journée de Nantes. On se précipitait alors pour se procurer son enregistrement touchant et naturel des Scènes d’enfants du même Schumann (Decca). Ce mois-ci, il interprète le Concerto en la mineur de Grieg à la Salle Pleyel. Un rendez-vous à ne pas manquer pour qui veut découvrir ce monstre sacré, dont la trajectoire se révèle particulièrement riche. Né au Brésil en 1944, Nelson Freire part rapidement étudier à Vienne. C’est là qu’il fait la rencontre, capitale, de la pianiste Martha Argerich. Avec elle, il donne depuis lors de nombreux concerts à quatre mains, d’une osmose totale. Très vite, Nelson Freire porte son dévolu sur un répertoire qui sera son cheval de bataille : la musique romantique. De Chopin à Brahms, Nelson Freire se livre avec sincérité et générosité. Il évite toujours l’écueil de l’emphase en privilégiant la construction et la plastique sonore des œuvres. Dans les concertos, il joue aux côtés des plus grands chefs d’orchestre, de Riccardo Chailly à Valery Gergiev. A la Salle Pleyel, il sera soutenu par le jeune chef ossète Tugan Sokhiev, qui, depuis sa récente nomination à Toulouse, a imprimé un nouveau souffle à l’Orchestre du Capitole. En seconde partie de concert, on pourra apprécier la Cinquième Symphonie de Chostakovitch, partition à l’efficacité implacable.

 

A.Pecqueur

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