Mutual Information de Liz Santoro et Pierre Godard

Lorsque le public pénètre dans la salle deux jeunes femmes, aux physiques semblables et dénudées d’un string couleur chair, sont assises face à face. Des triangles de feutrine grise jonchés sur le sol, similaires à des pierres, envahissent le plateau et forment une mosaïque, un labyrinthe. Lentement elles se lèvent puis, l’une à cour et l’autre à jardin, enfilent en chœur leur premier costume, un short et un tee-shirt bleus accentuant leur gémellité. Elles se mettent alors à marcher, reculent, changent de direction, esquissent des gestes simples qui se répondent. Dans un deuxième tableau, alors qu’elles arborent cette fois culottes de couleurs vives, blousons blancs et chaussettes hautes, leur duo et ses gestes athlétiques, comme sur un ring, semble virer à l’affrontement.

Variations sur le même

 En cinq moments, Liz Santoro et Pierre Godard explorent avec finesse dans Mutual Information la similitude et l’identité. « À quel point la similitude peut-elle produire du contraste, et la différence un ensemble ? » se demandent-ils. Et à quel point se voit-on dans l’autre ? Grâce à une série de costumes qui jouent la ressemblance, à une scénographie légère et modulable, à des jeux de regards et de mouvements qui s’effectuent en miroir ou se répondent, ils nous offrent une subtile variation sur le même et l’altérité. Cet autre dans lequel on se voit, on peut tour à tour avoir envie de le combattre ou de l’imiter, se réjouir, s’amuser ou s’agacer de sa présence.

Delphine Baffour