MotsZic

Elle, Laurence Maslhiah, est une comédienne au parcours nourri – formée par Michel Bouquet, repérée par Godard qui la fait tourner dans Soigne ta droite et Hélas pour moi, à l’affiche de La Mouette en 2008 par Claire Lasne Darcueil dans le In, auteure et interprète au théâtre de sa pièce J’ai de la chance… Lui, Jean-Rémy Guédon, saxophoniste et compositeur, compte parmi les personnalités les plus respectées et créatives de la scène du jazz français, leader en particulier de la grande formation Archimusic. Amis de scène depuis 30 ans, ils se lancent aujourd’hui dans l’arène avignonaise avec en poche ce spectacle minimaliste et généreux à la fois, construit sur le dialogue sans filet de textes triés sur le volet et de musiques improvisées. « Les mots, ce seront des textes choisis par nous deux, de la poésie qui va du mouvement Dada à nos jours, avec 2 petites exceptions : 2 très courts extraits de pièces de théâtre. Nous les avons choisis en fonction de leurs potentiels à être « musiqués ». Nous avons tenu à nous ouvrir à plusieurs auteurs, ce qui nous oblige, grâce aux univers très variés, à une inventivité toujours sur la brèche. C’est très créatif, et tout à fait enthousiasmant pour nous. Le cerveau droit pétille ! » explique Laurence Maslhiah.

L’enfance de l’art

« On prend le parti du dénuement, de la fragilité, de l’intime et au sein de ce peu de chose, on va chercher la force, l’échange ludique et la virtuosité. Les artifices ne sont pas là où l’on croit… Cela a quelque chose à voir avec l’enfance… Le babillage, c’est la prosodie, non? Avant de parler, on organise de façon sonore des phrases. Les voilà  nos notes ! Ces «  MotsZic » ce sont nos bases, qu’elles aient un sens ou pas. Ce spectacle est sans frontières : tout le monde entend ce qui se joue »,  enchaîne Jean-Rémy Guédon. Cette formule toute neuve de MotsZic, « testée » nez au vent ces derniers mois lors de concerts impromptus sur la scène de la Boutique du Val, le lieu d’Archimusic à Meudon en Île-de-France, semble avoir vu le jour comme poussent les fleurs  dans un sous-bois, furtivement, dans l’échange heureux de l’air, de la terre et d’un rayon de soleil. Avec ce sentiment rare et bon en les découvrant sur scène de voir la comédienne jouer ses textes en « musicienne », et le saxophoniste faire sonner la musique en « comédien ». «  Les notes influencent l’interprétation des textes, l’interprétation des textes influence l’improvisation musicale », conclut la comédienne.
Jean-Luc Caradec