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"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2024 - Entretien / Élisa Sitbon Kendall

« Monstres » d’Élisa Sitbon Kendall interroge la question de l’identité

« Monstres » d’Élisa Sitbon Kendall interroge la question de l’identité - Critique sortie Avignon / 2024 Avignon Avignon Off. La Factory – Salle Tomasi
L’autrice et metteuse en scène Élisa Sitbon Kendall. © Emmanuel Zonzon

La Factory – Salle Tomasi / texte Élisa Sitbon Kendall / mise en scène Élisa Sitbon Kendall et Gaïl-Ann Willig

Publié le 3 juin 2024 - N° 323

Première pièce d’Élisa Sitbon Kendall, Monstres interroge la question de l’identité, de la domination, de l’appropriation culturelle. Une proposition en forme de mise en abyme interprétée par Bonnie Charlès, Jacques-Joël Delgado, Olenka Ilunga et Kerwan Normant.

Monstres est votre première pièce. Comment êtes-vous arrivée à l’écriture théâtrale ?

Élisa Sitbon Kendall : Avant de me diriger vers le théâtre, je travaillais dans le développement international, notamment pour la Banque Mondiale et les Nations-Unies. Un jour, je me suis rendu compte que j’avais besoin d’autre chose. Je me suis inscrite au Cours Florent sans avoir presque jamais été au théâtre de ma vie. Ça a été une claque. J’ai commencé à lire du théâtre et, petit à petit, l’écriture théâtrale s’est imposée à moi comme une évidence.

Comment est née Monstres ?

É.S.K. : Ce projet est né de la découverte du couple d’auteurs que formaient André et Simone Schwarz-Bart, elle Guadeloupéenne, lui « petit Juif » rescapé de la Shoah. Ensemble, ils ont dédié leur œuvre à créer un dialogue entre leurs peuples respectifs. Mais André a été délégitimé et ostracisé lorsqu’il a écrit sur l’esclavage. Simone raconte comment cette critique lui a été insupportable. Il s’est par la suite effacé de la scène littéraire. Cette histoire m’a touchée. On était dans les années 1970. La question de l’appropriation culturelle était déjà là. La société n’a pas réussi à approfondir le sujet. Aujourd’hui, les réseaux sociaux polarisent beaucoup ces débats. Pourtant, la question de la légitimité de l’artiste à parler de l’histoire de l’autre reste centrale. Elle touche à nos identités, nos imaginaires, mais parle surtout d’accès et de privilèges.

« La question de la légitimité de l’artiste à parler de l’histoire de l’autre reste centrale. »

Quel théâtre avez-vous élaboré à partir de ce sujet ?

É.S.K. : On a parfois l’impression que ces questions sont prises en étau dans un conflit entre générations. Avec ma co-metteuse en scène, Gaïl-Ann Willig, nous avons cherché à inventer un jeu vivant, des corps en mouvement, une jeunesse au plateau dans un décor vieillissant, comme un nouveau monde qui peine à éclore. Dans Monstres, des personnages de jeunes comédiens sont en résidence de création dans une vieille bâtisse dont on aurait poussé les meubles pour répéter. Le choix des musiques reflète aussi cette tension, entre rap français actuel et jazz américain des années 1960, en passant par de la musique électronique. Des moments de vie ancrés dans le réel alternent avec des moments oniriques, comme suspendus dans le temps.

 

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

Monstres
du samedi 29 juin 2024 au dimanche 21 juillet 2024
Avignon Off. La Factory – Salle Tomasi
4 rue Bertrand, 84000 Avignon

à 17h35. Relâche les mardis. Tél : 09 74 74 64 90.

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