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Avignon / 2024 - Entretien / Élisa Sitbon Kendall
Première pièce d’Élisa Sitbon Kendall, Monstres interroge la question de l’identité, de la domination, de l’appropriation culturelle. Une proposition en forme de mise en abyme interprétée par Bonnie Charlès, Jacques-Joël Delgado, Olenka Ilunga et Kerwan Normant.
Monstres est votre première pièce. Comment êtes-vous arrivée à l’écriture théâtrale ?
Élisa Sitbon Kendall : Avant de me diriger vers le théâtre, je travaillais dans le développement international, notamment pour la Banque Mondiale et les Nations-Unies. Un jour, je me suis rendu compte que j’avais besoin d’autre chose. Je me suis inscrite au Cours Florent sans avoir presque jamais été au théâtre de ma vie. Ça a été une claque. J’ai commencé à lire du théâtre et, petit à petit, l’écriture théâtrale s’est imposée à moi comme une évidence.
Comment est née Monstres ?
É.S.K. : Ce projet est né de la découverte du couple d’auteurs que formaient André et Simone Schwarz-Bart, elle Guadeloupéenne, lui « petit Juif » rescapé de la Shoah. Ensemble, ils ont dédié leur œuvre à créer un dialogue entre leurs peuples respectifs. Mais André a été délégitimé et ostracisé lorsqu’il a écrit sur l’esclavage. Simone raconte comment cette critique lui a été insupportable. Il s’est par la suite effacé de la scène littéraire. Cette histoire m’a touchée. On était dans les années 1970. La question de l’appropriation culturelle était déjà là. La société n’a pas réussi à approfondir le sujet. Aujourd’hui, les réseaux sociaux polarisent beaucoup ces débats. Pourtant, la question de la légitimité de l’artiste à parler de l’histoire de l’autre reste centrale. Elle touche à nos identités, nos imaginaires, mais parle surtout d’accès et de privilèges.
Quel théâtre avez-vous élaboré à partir de ce sujet ?
É.S.K. : On a parfois l’impression que ces questions sont prises en étau dans un conflit entre générations. Avec ma co-metteuse en scène, Gaïl-Ann Willig, nous avons cherché à inventer un jeu vivant, des corps en mouvement, une jeunesse au plateau dans un décor vieillissant, comme un nouveau monde qui peine à éclore. Dans Monstres, des personnages de jeunes comédiens sont en résidence de création dans une vieille bâtisse dont on aurait poussé les meubles pour répéter. Le choix des musiques reflète aussi cette tension, entre rap français actuel et jazz américain des années 1960, en passant par de la musique électronique. Des moments de vie ancrés dans le réel alternent avec des moments oniriques, comme suspendus dans le temps.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
à 17h35. Relâche les mardis. Tél : 09 74 74 64 90.
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