« Invisibili » d’Aurélien Bory dit l’importance de l’Art face aux fléaux de l’époque
Créé pour le Théâtre Biondo de Palerme par [...]
Créé par Jean-Quentin Châtelain en 2021, au Théâtre Saint-Gervais à Genève, Manuel d’exil (monologue adapté d’un roman de Velibor Čolić) est aujourd’hui repris au T2G – Théâtre de Gennevilliers par Fred Jacot-Guillarmod. Dans une mise en scène minimaliste de Maya Bösch, le comédien donne voix au poids de l’exil et au pouvoir de la littérature.
« Je suis assis sur ce banc public à Rennes. Je réalise peu à peu que je suis le réfugié. L’homme sans papiers et sans visage, sans présent et sans avenir. L’homme au pas lourd et au corps brisé, la fleur du mal. Je n’ai plus de nom. » Les mots que prononce Fred Jacot-Guillarmod sur le Plateau 1 du Théâtre de Gennevilliers, les belles paroles, les confidences pleines d’autodérision, les pensées sur la condition d’exilé, sont celles et ceux de Velibor Čolić, écrivain d’origine bosniaque (né en 1964) qui, avant d’être naturalisé français en 2021, a connu la guerre d’ex-Yougoslavie. Enrôlé de force dans l’armée bosniaque, le jeune homme qu’il était refuse de tuer qui que ce soit. Il déserte en 1992, est fait prisonnier, parvient à prendre la fuite pour s’installer dans notre pays, l’amour de la poésie et de nos grands auteurs chevillé au corps. C’est cette période de désarroi, de doute, de réinvention que Velibor Čolić relate dans Manuel d’exil – comment réussir son exil en trente-cinq leçons, roman publié en 2016 aux Editions Gallimard que Maya Bösch, ancienne co-directrice du Grü/Transthéâtre de Genève, a souhaité adapter au théâtre.
L’homme au pas lourd et au corps brisé
Obscurités et fulgurances de néons suspendus ou disposés au sol (les lumières sont de Laurent Junod), vrombissements, souffles, échos et pulsations (la création sonore est de Maïa Blondeau)… La metteuse en scène propose une représentation stricte, formaliste, dépourvue de lyrisme et de sentimentalité. Une représentation qui nous plonge dans un univers entre mise en lumière et invisibilisation. Lauréat du Prix Suisse des Arts de la scène 2022 dans sa version interprétée par Jean-Quentin Châtelain, Manuel d’exil s’appuie aujourd’hui sur la présence minérale de Fred Jacot-Guillarmod pour investir ce texte parfois drôle, parfois grave. Le comédien n’apparaît souvent qu’à travers une silhouette, une ombre qui se détache, plus ou moins marquée, plus ou moins proche, dans différents effets de contre-jour. Sa réalité corporelle nous échappe. Elle surgit puis disparaît, ici ou là, à différents endroits du plateau. Sa voix, elle, nous parvient distinctement. Précisément. Elle dit la difficulté de chercher sa place, de ne pas la trouver, d’être déraciné, de ne pas être regardé, de devoir oublier son passé, effacer sa mémoire, la difficulté de devenir écrivain.
Manuel Piolat Soleymat
En partenariat avec le Centre culturel Suisse. Du 15 au 25 janvier 2024. Le lundi, le mardi, le jeudi et le vendredi à 20h, le samedi à 18h, le dimanche à 16h. Tél. : 01 41 32 26 26. Durée : 1h15.
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